COMPLEMENT A LA CONFERENCE-DEBAT

L’AMIANTE PRES DE CHEZ VOUS

 

 

Le débat qui a suivi cette conférence a mis en lumière des questions auxquelles nous ne savions pas répondre. Après nos recherches, voici ce que nous pouvons répondre. Mais peut-être certaines et certains d’entre vous auront des compléments à apporter. N’hésitez pas !

 

Ø       Y a-t-il eu incorporation d'amiante dans certains pneus ? Ce qui rendrait impropres au recyclage certains pneus usagés.

 

A notre connaissance, il n’y a jamais eu d’incorporation d’amiante dans les pneus. En revanche, le grand fabricant français de pneus, Michelin, a utilisé l’amiante pour le processus de fabrication des pneus. Cette matière était en effet utilisée pour isoler les presses de cuisson des pneus, mais aussi pour calorifuger les conduits de vapeur, ainsi que dans les cloisons et les plafonds. Michelin a d’ailleurs été condamné pour faute inexcusable au profit de 4 anciens salariés, victimes de l’amiante, dont 3 décédés d’un mésothéliome.

 

Ø       Quel est le sort réservé aux produits amiantés éliminés par la filière spécialisée et acheminés dans les décharges de classe 1 ? Sont-ils vitrifiés ? Enfouis ? Placés dans des enveloppes étanches ? Quelle est la durée de vie de ces confinements ?

 

Il existe 3 classes de décharges : la classe 1, ou Centres (ou Installations) de Stockage de Déchets Dangereux, la classe 2, ou Centres de Stockage de Déchets Non Dangereux, et la classe 3, réservée aux déchets inertes.

 

Les déchets amiantés arrivent en décharge dans des contenants à double isolation.

 

L’amiante est dit libre dans les flocages et les calorifugeages. Les déchets en contenant peuvent subir l’inertage. Ils sont fondus dans un four à plasma, qui permet d’atteindre des températures de 2 000°C, température à laquelle les fibres d’amiante sont détruites, puis les déchets sont vitrifiés. Ces déchets peuvent également être enfouis dans des décharges de classe 1. Ils sont alors placés dans des « alvéoles » spécifiques. Si ce terme donne à penser qu’il s’agit d’emplacements entièrement fermés, il n’en est rien : il s’agit d’un stockage à ciel ouvert, dans des emplacements dédiés, et recouverts quotidiennement de terre ou de sable dans la partie en exploitation.

 

L’amiante est dit lié dans les plaques, les panneaux d’isolation, les dalles, les briques réfractaires ou les cloisons. Les déchets en contenant peuvent être traités par inertage, placés en décharge de classe 1, ou de classe 2. De même, les terres amiantifères naturelles doivent être placées en décharges de classe 2.

 

Nous n’avons aucune information sur la durée de vie supposée de ces différents types de stockage.

Ø       De quel nature est le flocage apparent sur des bâtiments visibles place de la Fontaine ?

 

Ces bâtiments, gérés par l’Office Public des HLM (OPH), présentent effectivement des flocages et des calorifugeages à l’amiante dans les parties communes, mais tel n’est pas le cas des flocages visibles depuis l’extérieur, sous les arcades. Nous avons pu consulter le Document Technique Amiante du bâtiment, grâce à l’obligeance des techniciens de l’OPH et avons pu vérifier cette information sur le document. Les matériaux amiantés sont notés « en bon état de conservation », et, dans la mesure où ils ne sont pas accessibles au public, leur suivi relève de l’OPH, et bien sûr les résidents, de leur association ou amicale éventuelle. En revanche, il n’y a aucun risque pour les personnes circulant à l’extérieur du fait du flocage qui y est visible.

Ø       Que sont devenues les mines d'amiante anciennement exploitées ? Y a-t-il des risques de contamination de l'air, de la terre ou de l'eau par des produits restants ?

 

Pour la France, que ce soit en métropole aussi bien qu’en Corse ou en Nouvelle-Calédonie les anciens sites sont toujours exposés à ciel ouvert, offrant une pollution environnementale permanente.

 

En Corse, la mine d'amiante de Canari expose toujours ses fibres aux quatre vents, sur le versant ouest du Cap Corse. En 2009, des travaux de mise en sécurité ont débuté. Ils ne sont pas encore terminés. Et les habitants du Cap s'interrogent sur l'avenir du site.                          

                                                                                                                                      

Dans l’Orne, à Condé-sur-Noireau, l’ancienne usine est à l’abandon. Il suffit d’un peu de vent pour qu’un nuage de poussières s’échappe alors par les vitres cassées. De la poussière d’amiante. Sur le terrain, tout autour, des déchets ont été enterrés ou posés sur le sol. L’eau les charrie, quand les pluies abondantes gonflent la rivière du Noireau. Pour l’instant on dénombre dans cette zone 45 à 50 décès par an. Ce site est sinistrement appelé « la vallée de la mort ».

 

En Nouvelle-Calédonie, où l’usage de l’amiante n’a été interdit qu’en 2007, ce sont les travaux routiers et les activités liées aux mines de nickel qui ont contribué à mettre à nu les nombreux affleurements d’amiante de l’île.