COMPTE RENDU DE

LA CONFERENCE-DEBAT

 

 

Cette manifestation s’est tenue avec 35 participant(e)s, ce qui était la plus forte participation à une des 8 conférences-débat que nous avons organisées. Parmi le public, nous avons compté 15 adhérent(e)s. Nous avons enregistré 2 adhésions de participants.

 

Le contenu et la forme de la conférence ont été unanimement salués pour sa clarté, son intérêt et la pertinence de ses arguments.

 

Voici les éléments marquants du débat qui a suivi.

 

Le gouvernement japonais annonce un coût de la catastrophe de Fukushima de 70 milliards d’euros, mais il est vraisemblable qu’il ne prend en compte que la décontamination. Le coût d’une catastrophe de ce type dans notre pays est estimé par l’IRSN entre 200 et 800 milliards d’euros. Face à ces coûts astronomiques, EDF a une obligation de provisionner 700 … millions d’euros, auxquels il conviendrait d’ajouter 1,5 milliards d’euros provisionnés par l’Etat, ainsi que la même somme venant de l’Union européenne. Nos sommes loin du compte, au regard des pertes économiques dues aux déplacements de populations, aux traitements médicaux, à la décontamination de vastes zones, à l’impossibilité de cultiver certaines terres, de faire fonctionner certaines entreprises, d’accueillir des touristes, etc. etc.

 

Malgré les falsifications de documents, il a été découvert que la cuve de l’EPR en construction à Flamanville est impropre à sa fonction, en raison d’une proportion trop importante de carbone dans l’acier. Le problème est en cours d’instruction par l’ASN, qui rendra son verdict mi-2017. En revanche, l’utilisation des générateurs de vapeur souffrant du même problème a été autorisée.

 

Les centrales actuellement en fonctionnement ont été construites pour une durée de vie de 32 ans à pleine puissance, ce qui correspond, en tenant compte des périodes de fonctionnement à puissance réduite, voire d’arrêt pour maintenance, à une durée pratique de 40 ans. C’est ensuite que l’on parle de prolongation, qui nécessite une opération coûteuse, dite « grand carénage ». Mais un participant avance qu’au départ, soit dans les années 70, la durée de vie annoncée était de 25 ans. L’EPR, quant à lui, serait prévu pour une durée de 60 ans, si tant est qu’il fonctionne un jour…

 

L’urgence est à la réduction de la consommation. La veille des appareils électriques et électroniques est en cause. L’éclairage nocturne également. Et les objections concernant la sécurité routière sont sujettes à controverse. En effet, si en ville l’éclairage est à peu près constant, l’alternance de zones sombres et de zones éclairées à la campagne peut être une gêne pour la vision des conducteurs. Les panneaux publicitaires animés dans le métro sont particulièrement critiquables. Le fait que les villes sont visibles la nuit depuis l’espace à cause des lumières traduit le fait qu’une part importante de l’énergie lumineuse est émise en pure perte vers l’espace.

 

Le débat public sur le nucléaire n’a jamais eu lieu. Il est positif que les opérations  de grand carénage imposent l’organisation de tels débats, mais il est à noter que ces débats ne concerneront que les opérations techniques, jamais l’opportunité de maintenir ou pas telle ou telle réacteur en fonctionnement, ni à plus forte raison le recours à cette forme d’énergie.

 

Le prix de l’électricité d’origine nucléaire est en augmentation : 60€/MWh aujourd’hui, avec un parc de centrales amorti financièrement, mais davantage demain : l’EPR fabriquerait de l’électricité à 100€/MWh. La construction par EDF d’un EPR à Hinkley Point au Royaume Uni se fait sur la base d’un prix de vente garanti à 110€/MWh ! Ceci alors que le prix du marché est actuellement de 40€/MWh. L’éolien produit une électricité à moins de 80€/MWh, mais son coût est en diminution, ainsi que celui de toutes les énergies renouvelables.

 

Les incidents qui se produisent dans les centrales sont publiés. Il sont classés sur une échelle de 0 à 7, c’est-à-dire du niveau pour lequel on n’observe aucun dégagement de radioactivité, à celui où se produit la fusion d’un (ou plusieurs) cœurs de réacteurs. Mais il est à noter que certains accidents comme celui de Paluel (chute d’un générateur de vapeur d’une centaine de tonnes qui a conduit à l’arrêt total du réacteur sans que l’on sache s’il sera redémarré un jour) sont classés au niveau 0, puisque n’ayant (heureusement !) pas donné lieu à dégagement de radioactivité.

 

A Fukushima, la catastrophe continue. Le gros problème est celui de la décontamination, qui reste impossible dans beaucoup d’endroits. On ne pourra pas vivre dans certaines régions pendant des siècles. Mais le gouvernement japonais tente de faire revenir les habitants éloignés pendant un temps. On tente de nous habituer à la catastrophe, ce qui est inacceptable et constitue une raison forte de sortir du nucléaire.

 

Les dangers de cette forme d’énergie ne sont pas seulement économiques, mais aussi de santé publique. L’énergie nucléaire a tué des gens, mais aussi pose des problèmes de santé à beaucoup d’autres. En cas de catastrophe, les autorités seront-elles en mesure de porter secours à la population ? On peut en douter, l’Etat étant très mal préparé à la gestion de crise, ainsi qu’au post-accidentel. Le peu de considération portée aux populations s’exprime par exemple dans le fait que les pastilles d’iode stable (destinées à saturer la thyroïde pour éviter qu’elle n’accumule de l’iode radioactif en cas de catastrophe) sont distribuées au public dans un rayon de 10 km autour des centrales, avec le projet de porter cette distance à 20 km, alors que le nuage de Tchernobyl a voyagé au-dessus de toute l’Europe, venant d’Ukraine. Il existe très peu de structures pouvant accueillir des personnes nécessitant une décontamination radioactive.

 

L’absence d’information de la population concernant le nucléaire militaire est criante. Les données ne sont pas disponibles, contrairement au nucléaire civil. Remarquons qu’une remise en cause massive du nucléaire civil ouvrirait la voie à la remise en cause du nucléaire militaire, ce que d’aucuns tentent d’éviter à tout prix.

 

Il faut des alternatives crédibles au nucléaire. Les renouvelables utilisent des matériaux qui ne se trouvent pas en quantité illimitée, par exemple dans les cellules photovoltaïques. Le recyclage de ces cellules ne concerne que 96% des matériaux. Certaines énergies renouvelables posent des problèmes touchant à la biodiversité, par exemple les éoliennes qui heurtent des oiseaux. Mais pour cela, une parade est en cours d’étude, qui consiste à diffuser des cris de rapaces visant à effaroucher les oiseaux en migration nocturne, afin de les éloigner des parcs d’éoliennes. Et l’on évite d’en implanter dans les couloirs de migration connus.

 

Le coût du démantèlement des centrales, et de la gestion des déchets, est officiellement provisionné par EDF, mais dans des proportions insuffisantes, si l’on compare à ce qui se fait dans d’autres pays nucléarisés.

 

Une centrale consomme pour son fonctionnement de l’ordre de 5% de l’électricité qu’elle produit. Ce qui est comparable aux centrales utilisant d’autres sources d’énergie pour faire bouillir de l’eau. Mais c’est l’enrichissement de l’uranium, indispensable pour obtenir un combustible utilisable dans un réacteur nucléaire, qui consomme beaucoup d’énergie. L’ancien procédé d’enrichissement utilisait la production de 3 réacteurs. Un nouveau procédé mis en œuvre depuis 2012 a vu cette consommation réduite.

 

Pour celles et ceux qui souhaitent ne consommer que de l’électricité fabriquée à partir d’énergies renouvelables, il existe un fournisseur qui garantit l’origine renouvelable de son électricité : ENERCOOP.