ANALYSE DE L’EAU DU PUITS :

NOTRE LECTURE DU TABLEAU DE RESULTATS.

 

Le puits concerné est celui qui se trouve mitoyen des 39 et 41 rue René Hamon. Le prélèvement a été effectué le 6 mai 2 008. Pour des raisons de circulation souterraine de l’eau, nous pensons qu’il est représentatif d’une plus large zone, celle du centre-ville, et peut-être au-delà.

Rappelons tout d’abord quelle était notre demande d’analyse. Nous avions ciblé les métaux pouvant se retrouver dans l’eau de la nappe phréatique, et provenant d’activités industrielles. Parmi ces métaux, nous nous étions limités à ceux qui nous paraissaient poser le plus de problèmes de santé humaine (nous pensions à l’époque que nous aurions à régler tout ou partie de la facture, nous ne pouvions pas demander toutes les analyses possibles). Nous avions arrêté en conséquence la liste suivante : aluminium, antimoine, arsenic, baryum, bore, cadmium, chrome, cuivre, mercure, plomb, sélénium, et les cyanures. L’ajout des cyanures à la liste de métaux était motivé par le fait que l’entreprise Debus avait pendant une période procédé à la récupération des métaux précieux dans le matériel électronique, utilisant pour cela des cyanures.

Pour des raisons matérielles, le labo n’a pas pu procéder à l’analyse des cyanures. Le baryum et le bore n’ont pas été analysés pour une raison que nous ignorons. En revanche, 3 métaux ont été ajoutés à la liste : argent, nickel et zinc.

Il existe plusieurs systèmes d’évaluation de la qualité des eaux. Les mesures obtenues sur l’eau du puits ont été comparées aux seuils donnés pour l’irrigation, puis pour l’eau potable.

Relativement aux normes pour l’irrigation, l’eau concernée est en dessous des seuils, voire très en dessous. En fait, les teneurs sont sous la possibilité de détectabilité pour tous les métaux sauf l’aluminium et le nickel. L’aluminium se trouve présent en quantité dans la croûte terrestre. Rappelons cependant qu’il est toxique pour le système nerveux, et suspecté d’être impliqué dans la maladie d’Alzeimer. Il serait intéressant de savoir d’où peut provenir le nickel. Peut-il s’agir d’une source industrielle ? Il est classé, quant à lui, " possiblement cancérogène " par le Centre International de Recherche sur le Cancer.

Au regard des seuils pour l’eau potable, la situation est moins nette. Pour certains métaux, la qualité est optimale, mais elle n’est qu’acceptable pour la teneur en aluminium. Le laboratoire conclut que " ces résultats ne montrent aucune pollution métallique en provenance du milieu industriel ". Notre seule réserve concerne donc le nickel.

D’autres recherches, non demandées au départ, ont été effectuées par le labo. Elles concernent la minéralisation, les matières azotées et les micro-organismes.

Relativement aux normes pour l’irrigation, l’eau est de bonne qualité, excepté toutefois pour le résidu sec à 180°, ce qui fait conclure par le labo que cette eau est de qualité moyenne pour l’irrigation. Ce résidu sec à 180° totalise toutes les matières solubles, celles qui ont été recherchées ici, ainsi que toutes les autres pouvant être présentes dans cette eau.

Au regard des seuils pour l’eau potable, l’analyse fait apparaître des éléments qui interdisent l’utilisation de cette eau pour la consommation. En effet, le taux de calcium et celui de bactéries Escherichia Coli nécessiteraient un traitement. Le labo parle d’un faible taux de bactéries, mais ce taux est cependant suffisant pour déclasser l’eau. Rappelons que cette bactérie, présente dans l’intestin, est responsable d’intoxications alimentaires (gastro-entérites) et d’infections urinaires. Mais surtout, c’est le taux de sulfates et de nitrates qui fait que l’eau est inapte non seulement à la consommation, mais même à la production d’eau potable. Pour les sulfates, le labo suggère comme origine le gypse, mais la difficulté est que l’on n’en trouve qu’en dessous de la nappe… Concernant les nitrates, étant donné notre éloignement des terrains agricoles, l’explication avancée par le labo est celle de l’oxydation de l’azote organique provenant des puisards et des fuites de collecteurs d’eaux usées. Rappelons que pour les nitrates, le seuil de potabilité est actuellement fixé à 50 mg/L, et qu’il n’y a pas de traitement dans les usines de production d’eau potable pour les supprimer. Il est même question, dans l’avenir, d’abaisser ce seuil à 25 mg/L. Le danger des nitrates est que dans l’organisme, ils se transforment en nitrites. Les adultes apprennent à l’éliminer, mais tel n’est pas le cas des fœtus et des bébés chez qui ils peuvent provoquer de graves affections. Le seuil de potabilité est ici largement dépassé, puisque sont mesurés 560 mg/L ! Le labo indique que la situation n’a rien d’exceptionnel, puisque c’est dans tout notre département que la réglementation interdit l’utilisation de l’eau des puits pour les usages alimentaires et domestiques.

La conclusion de tout ce travail est qu’il n’a pas été détecté dans l’eau de ce puits de pollution métallique d’origine industrielle. Sous réserve d’enquête plus approfondie sur le nickel.