FUKUSHIMA, ET
APRES ?
Après cette catastrophe, que dire ? Que
faire ?
D’abord, dire notre solidarité avec le peuple japonais
qui a subi le séisme, puis le tsunami, puis la catastrophe nucléaire. Dire
notre admiration pour ces gens qui acceptent d’aller travailler sur le site, en
sachant les risques qu’ils prennent pour leur santé, mais en sachant aussi que
quelqu’un doit bien le faire, pour éviter une catastrophe plus grave, la fusion
incontrôlée d’un ou plusieurs cœurs de réacteur. Les radiations n’ont tué
personne, contrairement au séisme et au tsunami. Mais combien de cancers, de
morts prématurées, d’enfants malformés, dans les années qui viennent, pour ces
travailleurs, ainsi que pour les populations qui ont été évacuées, pour
certaines tardivement, ou qui restent dans des zones contaminées même si elles
sont au-delà du périmètre d’évacuation ? Le sol, la mer, et donc les
aliments qui y poussent ou en sont tirés, sont contaminés pour fort
longtemps !
Ensuite, dire notre solidarité avec un peuple qui n’a,
pas plus que nous, été amené à choisir l’option du nucléaire. Comme en France,
cela a été décidé par une poignée de dirigeants. Chez nous, c’était l’époque de
Giscard et Mesmer. Il n’y a jamais eu de débat démocratique sur ce terrain. Les
intérêts économiques sont trop importants pour qu’ils aient pris le risque de
soumettre la décision à un débat démocratique !
Dire aussi qu’après Three Miles Island et Tchernobyl,
les leçons n’ont pas été tirées. On continue à nous asséner que nos centrales
sont les plus sûres du monde, qu’il n’y a pas de risque ici. Pourtant, on nous
disait cela après Tchernobyl, au prétexte que les centrales ukrainiennes
étaient d’ancienne conception, et que le système politique n’était pas sûr.
Mais le Japon est doté de centrales comparables aux nôtres, c’est même AREVA
qui a fourni le combustible MOx qui se trouve dans certains de ses réacteurs.
Et, que l’on sache, le système politique japonais se rapproche plus du
libéralisme débridé que du modèle soviétique. Et pourtant, que n’entend-on pas
« c’est le nucléaire ou
la bougie ». Mais les japonais ont eu droit au nucléaire et à la bougie (500 000
foyers privés d’électricité au lendemain de la catastrophe, et combien encore
aujourd’hui ?). Les intérêts économiques considérables à l’œuvre dans le
nucléaire s’opposent frontalement au développement d’autres formes d’énergie,
renouvelables, telles que le solaire, l’éolien, la géothermie, les usines
hydromotrices ou marémotrices.
Dire que de concentrer ainsi la radioactivité, que de
créer des produits radioactifs qui n’existent même pas dans la nature (le
plutonium), que de générer des déchets dont on ne sait quoi faire et qu’il
faudra surveiller et confiner pendant des dizaines de milliers d’années, de
construire des centrales dont on ne sait comment se débarrasser (Brennilis,
fermée depuis 1 985, et qu’on a à peine commencé à démanteler), tout cela
ne peut convenir à toutes celles et ceux qui ne font pas profession de ne voir
que l’intérêt à court terme, mais qui prennent en compte l’intérêt des
générations futures, c’est-à-dire l’avenir de l’humanité.
Dire enfin que si la réaction de nos dirigeants n’a
pas été aussi mensongère qu’au moment du passage du panache de Tchernobyl,
certains aspects y ressemblaient quand même un peu, quand on a entendu de la
bouche de ministres que les rejets de radioactivité avaient été faibles. Il
faut dire qu’ils suivaient les déclarations des dirigeants japonais, pour qui
« l’accident » était classé au niveau 4, avant que cette catastrophe
ne reçoive le label niveau 7, comme pour Tchernobyl.
Le dire, c’est bien, mais que faire ?
Inciter tous les citoyens à s’emparer de ce débat. Ne
pas demander à tous de se transformer en spécialistes du nucléaire, mais de s’informer,
et donc de réclamer une information transparente, pour participer au débat
démocratique sur ce choix de société qu’il faudra bien imposer (le débat, pas
le choix !).
Et puis, au niveau de notre association, faire ce que
nous pouvons avec nos petits moyens : utiliser le compteur Geiger que nous
avions acquis dans le cadre de l’affaire Debus pour mesurer la radioactivité
dans notre ville, et donner ainsi une information indépendante à nos adhérents,
et à la population, grâce au relais que la municipalité assure, son site web
pointant sur le nôtre. Cela nous a permis de vérifier que nous n’avons pas eu
d’augmentation de la radioactivité au-delà de ce qu’est la radioactivité
naturelle, et donc de rassurer celles et ceux qui pensaient que nous allions
être irradiés à l’instar de 1 986. Cela étant, comme nous l’a rappelé
récemment Roland DESBORDES, président de la CRIIRAD (association à laquelle
nous sommes affiliés), nous ne pouvons pas savoir ce qui peut se passer demain
dans la centrale de Fukushima, et d’ailleurs c’est ce que disent les japonais
eux-mêmes : la maîtrise complète de la situation peut prendre des semaines
voire des mois. C’est pourquoi nous poursuivons notre campagne de mesures. Vous
pouvez retrouver nos résultats, ainsi d’ailleurs que tous nos dossiers, sur
notre site : http://agir-a-villejuif.chez-alice.fr
C’est sur ce thème de Fukushima, ce qui s’est passé, et les conséquences
au Japon et en France, que nous organisons une conférence-débat samedi 11 juin à 17 heures en salle culturelle de la
médiathèque avec Maryse ARDITI, responsable des réseaux risques
industriels, et énergie de France Nature Environnement, et docteur en physique
nucléaire.
ASSOCIATION AGIR A VILLEJUIF