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COMPTE RENDU DE LECTURE DES DEUX RAPPORTS D’INTERVENTION DE L’IRSN SUR LE SITE DE LA SOCIETE BUDIN D’AUBERVILLIERS

 

Premier rapport.

Ce premier rapport fait état d’une intervention en date du 5 juin 2 003, soit quelques jours après la détection de radioactivité dans l’entreprise Métal Blanc des Ardennes lors de l’arrivée d’un camion en provenance de Budin.

Bien évidemment, il s’agit des crasses de fonderie provenant de l’extraction du plomb dans les têtes de thératron fournies par l’entreprise Debus. " D’après un salarié de Budin, de telles opérations n’auraient été réalisées que depuis une dizaine d’années. " Nous avons effectivement appris par ailleurs que l’entreprise Debus n’a entrepris cette activité qu’en 1 995.

" La société Budin n’aurait pas été informée de la présence d’uranium dans ces objets. "

" Comme la quantité de crasses produites lors de l’opération était relativement faible (une quarantaine de kg d’après un salarié de Budin), elles ont été déversées sur le sol à la sortie du four pour être ensuite ramassées et envoyées vers Métal Blanc. " Ceci explique les anomalies radiamétriques relevées ensuite par les inspecteurs de l’IRSN.

Le bruit de fond relevé à l’extérieur du bâtiment était de 0,04 micro sievert par heure, mais les valeurs mesurées atteignaient 5,4 micro sievert par heure au contact du fût de crasses stocké à côté du four ayant servi à la fonte des têtes de thératron. Elles restaient significativement plus élevées que le bruit de fond en divers endroits de l’atelier concerné, notamment au contact du sol. Des analyses d’échantillons de poussières prélevées au sol mettent en évidence qu’il s’agit bien d’uranium appauvri.

Les inspecteurs de l’IRSN conseillent que " le personnel de la société Budin fasse l’objet d’analyses radiotoxicologiques "

Dans ses conclusions, ce rapport identifie clairement la source de contamination par l’uranium comme étant la fonte des têtes de thératron, explique la contamination d’une grande partie du bâtiment par les passages de personnel et de chariots élévateurs, et préconise entre autres : " procéder à une décontamination du bâtiment-atelier par une société spécialisée ; effectuer une recherche de contamination sur le site de la société Debus et dans le véhicule qui a servi à acheminer les têtes après retrait du plomb. "

Second rapport.

Il fait état d’une intervention en date du 2 décembre 2 003. Le rapport explique que : " l’opération de décontamination, à la charge de l’entreprise, devait être réalisée par la société STMI et débuter le 1er décembre 2 003. " Mais cette société constate que la contamination radioactive s’est disséminée dans le bâtiment, et qu’il en existe dans la cour de la société, lieu qui n’avait pas été enquêté par l’IRSN au mois de juin. Notons la rapidité de l’intervention, puisqu’il s’agit du lendemain ! La recommandation de procéder à une recherche de contamination dans l’entreprise Debus ne verra sa traduction qu’un an plus tard ! Il faut dire que la société STMI avait arrêté le chantier dès cette découverte, en attendant une nouvelle cartographie de la contamination.

Les mesures opérées par les inspecteurs de l’IRSN confirment les constatations de la société STMI. Dans la cour de l’entreprise, une benne de graviers et un fût de crasses sont contaminés. Le débit de dose maximal relevé dans les deux zones autour de ces objets était de 30 fois le bruit de fond naturel.

Bizarrement, concernant une de ces deux zones, le rapport mentionne que " la contamination de cette zone est, aux dires de la société Budin, indépendante de l’opération thératron visée, compte tenu du fait qu’aucune tête de thératron n’a été entreposée dans cette zone. " Mais il ne dit pas mot de l’origine de cette autre contamination…

Dans l’atelier lui-même, les différences observées par rapport à l’intervention de juin " sont vraisemblablement dues à la dispersion de la contamination résultant de la poursuite de l’exploitation de l’atelier au cours du second semestre 2 003. "

Notre conclusion : les dures lois du fonctionnement des entreprises font que la demande de décontamination émise en juin n’est prise en compte qu’en décembre par l’entreprise qui, il est vrai, devait l’avoir mauvaise de devoir financer une décontamination alors que le problème ne lui était pas imputable. Et durant ce temps, la contamination ne fait que s’étendre…

La conclusion du rapport, c’est le rappel des recommandations du rapport de juin, avec en plus la demande de procéder, dans l’atelier, à l’aspiration des poussières, et dans la cour, à la décontamination des zones contaminées. Il termine par cette phrase : " Enfin, dans l’état radiologique actuel, constaté lors de l’intervention, on peut exclure tout risque radiologique à l’extérieur du site. "

Peut-être. Mais quand même… Dans les annexes à ce second rapport, au milieu des documents de l’IRSN (photos, plans, tableaux de mesures, mail) figure un document émanant de la société STMI.Il s’agit d’un plan des locaux de l’entreprise Budin, annoté de leurs propres mesures de radioactivité. Et contrairement au plan équivalent émanant de l’IRSN, celui-ci fait apparaître ce qu’il y a de l’autre côté du mur de l’entreprise, d’ailleurs juste derrière le four contaminé : un collège ! Comment est-il possible que l’IRSN n’ait même pas recommandé d’y effectuer des mesures pour vérifier cette hypothèse d’innocuité à l’extérieur de l’entreprise ? L’incompétence ? ou la politique du secret ? ou plus exactement la volonté de ne pas informer pour ne pas provoquer de réaction de rejet de tout ce qui est nucléaire par la population ? Pour notre part, nous ne pouvons croire que les inspecteurs de cet organisme seraient incompétents…

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