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ENTREVUE AVEC LES DIRIGEANTS D’ATMOSTAT

19 MAI 2 006

 

Nous avons été reçus par Monsieur BARBAZAN, directeur, et par Monsieur BITOUN, assistant de gestion, chargé des questions d’environnement. Pour l’association, étaient présents Yves VAUNAIZE, président, Eric ESCODA, vice-président, Hervé CORNE, secrétaire, et Alain HOUARD, membre du bureau ayant particulièrement travaillé sur le dossier Atmostat.

Nous avons commencé par remercier de vive voix, ce que nous avions déjà fait par écrit, pour les travaux visant à réduire les nuisances pour les riverains de l’entreprise.

Nous avons parlé en premier lieu de l’évolution prévisible de la norme concernant l’exposition au béryllium (Be). Ils connaissent bien ce sujet, ils ont suivi le colloque international au Québec qui a lancé la réflexion, actuellement reprise en France par l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité). Selon eux, le seuil réglementaire actuel de 2 microgrammes par mètre cube d’air, qui a été remis en cause lors de ce colloque, correspondait quand il a été établi à la possibilité de contracter la bérylliose, la norme envisagée de 0,02 microgrammes visant le seuil de sensibilisation au béryllium. Ce serait la protection absolue. Et, puisqu’ils peuvent tenir ce nouveau seuil, ils doivent le faire. Ils font remarquer que les mesures qu’ils réalisent les placent quasiment toujours sous ce nouveau seuil.

Depuis l’automne dernier, ils sont en partenariat avec la CRAMIF (Caisse Régionale d’Assurance Maladie d’Île-de-France) pour un programme de prévention sur la protection des travailleurs. La personne qui réalise les contrôles dans l’entreprise a travaillé avec la CRAMIF pour s’imprégner de leurs procédures. Celle-ci insiste sur la protection dermique. Une sensibilisation du personnel est donc faite pour les inciter à prendre des précautions, comme le port de gants (ils recherchent les mieux adaptés), les méthodes et la fréquence des nettoyages, en particulier des mains. Si cependant ils ne tiennent pas les nouvelles normes, il y aura négociation avec le personnel pour le port de masques qui n’est imposé actuellement qu’en cas d’alerte. Ils disent que le plus dur est de faire admettre les précautions au quotidien à leur personnel.

Avec l’aide de la CRAMIF et dans l’objectif de s’aligner sur les préconisations des scientifiques, ils ont engagé un processus de vérification des pratiques et des contrôles. Il aboutira si nécessaire en interne à une remise à niveau des procédures et de l’information concernant les textes légaux. Ils nous communiqueront leurs conclusions.

Concernant l’instruction de sécurité béryllium qui nous avait été communiquée l’an dernier, nous avions détecté un problème de compréhension, mais il nous a été répondu que c’était une erreur, et qu’ils nous remerciaient de l’avoir détectée. De plus, nous avions détecté une contradiction entre la mention, dans ce document, selon laquelle "il est rappelé qu’aucune action de lutte anti-incendie ne doit être menée et que priorité doit être donnée à l’appel des pompiers et l’évacuation des locaux " et l’affirmation dans un mail de Monsieur BARBAZAN selon laquelle " s’appliquent par ailleurs et en complément de la note spécifique ‘consignes générales de sécurité’, qui prescrivent une première action visant à annihiler un départ de feu, où que ce soit dans l’entreprise ". Ils ont reconnu la contradiction, et vont rectifier sur ce point la prochaine version de leur instruction de sécurité Be en indiquant que l’attaque du feu est à combattre selon le cas. Un feu de corbeille à papiers peut être traité avec les extincteurs installés dans les locaux.

 

Concernant les pompiers, nous leur avons raconté les difficultés, non surmontés actuellement, pour rencontrer l’adjudant des sapeurs-pompiers. Et pourtant, nous sommes inquiets des capacités de réaction pertinente de ces derniers en cas de sinistre s’ils n’ont jamais visité l’entreprise. Nous avons confirmation qu’ils ne sont jamais venus. Mais Monsieur BARBAZAN s’engage à leur redemander de venir, parce qu’il est conscient des risques pour l’environnement. Il émet cependant l’hypothèse selon laquelle les pompiers n’interviendraient pas n’importe comment, sachant au minimum qu’il s’agit d’une entreprise de travail des métaux. Cela ne nous rassure qu’à moitié, eu égard à l’accident de circulation intervenu il y a quelques temps : une voiture avait enfoncé leur portail, et les policiers une fois sur place pensaient qu’il s’agissait d’une entreprise de menuiserie !

Concernant les relevés de concentration de béryllium dans l’air de l’atelier dédié au travail de ce métal, ils nous ont communiqué des copies des relevés de ces derniers jours. Nous avons relevé que les normes de protection s’entendaient comme une moyenne de concentration de Be pour 8 heures de travail alors que leurs relevés étaient en général établis pour 24 heures. Ils nous ont répondu que cela permettait de parfaire le retraitement de l’air, les filtres utilisés restant perpétuellement en activité. Nous en avons profité pour demander s’il leur était possible techniquement de réaliser des mesures sur l’air rejeté à l’extérieur de l’entreprise. S’agissant d’un matériel portatif, la réponse est positive. D’ailleurs, ils ont réalisé de telles mesures, qui se sont toujours avérées négatives. Ils s’engagent à nous en communiquer les résultats, et même à nous proposer d’être présents lors d’une telle mesure, qui n’aura d’intérêt que lors d’une activité soutenue de cet atelier, ce qui n’est pas le cas actuellement.

A la question sur la santé des employés depuis 20 ans que l’activité Be existe, ils nous ont répondu qu’une seule personne ayant fait des tests poussés s’est révélée sensibilisée au Be (test lymphocytaire positif). Ils considèrent difficile de faire la part entre ce qui est dû à la prédisposition génétique et ce qui est dû au Be. En tous cas, il s’agit de sensibilisation, pas de bérylliose. Nous avons indiqué qu’à l’instar de la radioactivité, la notion de seuil pour le Be va peut-être se voir remis en cause dans un futur proche, parce que l’on aura découvert qu’il n’existe ps d’innocuité des faibles doses…

Il nous a été réaffirmé qu’il n’y avait aucun rejet à l’égout, hormis l’eau des lavabos et des douches. Il existe un réseau aboutissant à des cuves pour recueillir les eaux usées de l’atelier béryllium. Ces cuves sont enlevées par une société extérieure spécialisée.

De plus, un Comité Hygiène et Sécurité – Conditions de Travail fonctionne dans l’entreprise depuis un an et demi.

Enfin, nous en avons profité pour nous renseigner sur Métacéram. Bien qu’il n’y ait pas eu, avant délocalisation de cette entreprise, d’échanges avec Atmostat, ils la connaissent bien , pour faire partie du même groupe industriel. Métacéram utilisait le Be, mais ne l’usinait pas. Il commandait des pastilles de ce métal aux États-Unis, pour les monter sur les appareils de radiothérapie et les scanners, en en faisant des " fenêtres " de Be, utilisant la propriété de ce métal de ne pas altérer le cheminement des rayons X.

L’impression générale des participants est que les responsables de cette entreprise jouent la transparence. Ils ont d’ailleurs accepté de répondre ponctuellement à nos questions par la voie du courrier électronique si nous le souhaitons.

 

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