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Perturbateurs endocriniens



Ce document est articulé sur le résumé du livre « Perturbateurs endocriniens : la menace invisible » écrit par Marine Jobert et François Veillerette (Éditions Buchet-Chastel). Il intègre les apports de nombreux articles du mensuel Que Choisir (l’Union Fédérale des Consommateurs), du quotidien Le Monde, de documentaires comme « Perturbateurs endocriniens : tous intoxiqués », de Cécile Tartakovsky (diffusé lors de l’émission de France 5 : Enquête de santé), ou « Demain, tous crétins ? » de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade (diffusé sur Arte), de sites web comme celui de l’ANSES, d’une conférence d’Universcience, du résultat des travaux menés par l’association Générations Futures, et, bien sûr, de la conférence que nous avons organisée avec Charlotte LEPITRE.



I- Découverte d’un problème majeur.

Depuis les années 1920, on trouve dans la littérature scientifique des travaux sur des problèmes d’infertilité d’animaux, comme les porcs ou les brebis, problèmes dus aux œstrogènes. Mais cette recherche était alors limitée aux animaux.

Dans les années 1950, un médicament prescrit aux femmes enceintes pour apaiser les nausées du matin et les insomnies va provoquer la naissance d’enfants difformes. Une substance est visée : le thalidomide, puissant tératogène (perturbe le développement fœtal). Le mythe de la barrière placentaire s’effondre.

1. Theo Colborn : la pionnière

Theo Colborn, une zoologiste, étudie les effets cancérigènes des polluants sur la faune sauvage dans la région des Grands Lacs américains. Mais ni la faune ni les humains qui vivent autour ne sont particulièrement touchés par le cancer. Peu à peu émerge une évidence : le dérèglement de leur système hormonal.

Pour le biologiste John Peterson Myers : « Theo Colborn a synthétisé pour la première fois l’idée que certains produits chimiques étaient capables d’interférer avec la manière dont les hormones agissaient ».

2. Wingspread : une réunion historique

En 1991, Colborn et Myers rassemblent à WIngspread dans le Wisconsin une vingtaine de spécialistes, toxicologues, zoologistes, anthropologues, biologistes et endocrinologues pour un séminaire sur « Les altérations du développement sexuel provoquées par la chimie, la connexion entre l’homme et la faune ». C'est à cette occasion qu'est forgée l'expression nouvelle : « perturbateurs endocriniens ».

Ils affirment notamment : « Un grand nombre de produits chimiques de synthèse libérés dans la nature ainsi que quelques composés naturels sont capables de dérégler le système endocrinien des animaux y compris celui de l’homme. A moins que la contamination de l’environnement par des perturbateurs hormonaux ne soit rapidement contrôlée et réduite, des dysfonctionnements généralisés à l’échelle de la population sont possibles. Les dangers potentiels sont nombreux en raison de la probabilité d’une exposition répétée ou constante à de nombreux produits chimiques connus pour dérégler le système endocrinien ».

3. Les 163 molécules

Des scientifiques américains ont analysé en 2011 le sang et l’urine de 268 femmes enceintes : 163 composés chimiques différents ont été identifiés dont pesticides et phtalates.

4. Des bébés chimiquement modifiés

En 2011, des scientifiques de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) de Grenoble démontrent que, selon les produits chimiques présents dans le corps de la mère, les nouveaux-nés risquent d’avoir un poids de naissance et un périmètre crânien plus faible ou plus élevé que la moyenne. Les risques sont plus importants si l’exposition se situe durant les trois premiers mois de la grossesse.

En 2014, chercheurs français et américains analysent les urines de femmes enceintes et observent la croissance de leurs petits garçons. Ils décèlent des parabens, du triclosan, du benzophénone-3, des dichlorophénols et du bisphénol A. On les retrouve dans le dentifrice, le savon, les crèmes solaires, les désodorisants d’intérieur et les canettes de soda. Le triclosan est suspecté de réduire la taille des bébés. Les parabens favoriseraient la naissance d’enfants qui, plus gros que la moyenne à la naissance, le demeureraient à l’âge de 3 ans.

5. Des atteintes à toute la chaîne du vivant

Le pygargue à tête blanche a failli disparaître dans les années 1950. Cet oiseau avait une certaine appétence pour les poissons des Grands Lacs américains. Cependant, l’eau est polluée par le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) qui était massivement utilisé dans l’agriculture. Le DDT est un produit chimique cancérigène et reprotoxique (il influe négativement sur la reproduction). L’aigle ne meurt pas mais sa reproduction se met à vaciller. Et, quand il y a accouplement, les coquilles des œufs sont friables et les mères les écrasent de leur poids. On a retrouvé les mêmes effets sur le faucon pèlerin.

La biologiste Rachel Carson dénonce dans son livre « Printemps silencieux » les ravages des pesticides sur la faune. La charge de Carson aboutit 10 ans plus tard à l’interdiction du DDT aux États-Unis.

6. Couper les cheveux en quatre.

En 2013, l’association Générations Futures a fait réaliser par un laboratoire spécialisé l’analyse des cheveux de plusieurs responsables écologistes, tels Nicolas Hulot, Yves Jadot, José Bové, Delphine Batho, etc. Le résultat est impressionnant : ont été trouvés 150 pesticides, 3 bisphénols, 13 phtalates et 32 polychlorobiphényles (PCB). Chez chacun d’entre eux, ce sont de 36 à 68 substances différentes qui ont été trouvées ! Et l’on retrouve chez tout le monde le bisphénol A (pourtant interdit depuis 2012), le bisphénol S, les phtalates et des pesticides.

II- Voyage aux pays des hormones

1. Le système endocrinien

Les hormones ont été découvertes vers 1900.

Voici les différentes glandes du corps humain ainsi que leur fonction :

-les testicules : glandes reproductrices masculines, sécrètent la testostérone, produisent les spermatozoïdes, gouvernent la libido.

-les ovaires : glandes reproductrices féminines, produisent des oestrogènes qui agissent sur la croissance, le système nerveux central, les fonctions de reproduction, les tissus, les os, les vaisseaux sanguins, le foie, les caractères sexuels féminins, régulent le cycle menstruel, sécrètent la progestérone qui assure le bon déroulement de la grossesse.

-les surrénales : gèrent les situations de stress en produisant l’adrénaline et le cortisol, régulent la concentration de minéraux dans le sang.

-le pancréas : sécrète des enzymes digestives, régule le taux de sucre dans le sang.

-le thymus : met en place le système immunitaire chez l’enfant, régule les rythmes biologiques.

-la thyroïde : métabolise les graisses, les sucres et les protéines.

-l’hypophyse : dirige cette machinerie complexe par un dialogue incessant avec presque toutes les autres glandes, elle les informe sur le moment d'agir, et à quelle intensité, et sur le moment de l'arrêt. Car toutes les glandes dites endocrines ont la tâche de jouer la musique chimique de notre organisme en sécrétant les hormones qui vont, via le sang, transmettre des ordres aux cellules, aux tissus et aux organes.

-l’hypothalamus : supervise ce va-et-vient chimique et dirige l’organisme pour dormir, digérer, respirer, fuir, grandir, procréer, dose en permanence les hormones qui circulent dans le sang et envoie des correctifs à l’hypophyse.

2. Un système intégré

On peut comparer les hormones à des clés et les récepteurs à des serrures. Elles agissent à de très faibles concentrations, de l’ordre du microgramme (un millionième de gramme) par litre de sang !

3. Le cheval de Troie hormonal

Certaines substances synthétiques imitent très bien la structure chimique des hormones naturelles, troublant ainsi le fonctionnement normal. Il existe deux catégories d’hormones : les hormones peptidiques et les hormones stéroïdiennes. Les hormones peptidiques semblent ne pas être concernées par les leurres chimiques. Ce sont les secondes qui sont mimées par les perturbateurs endocriniens. Une substance chimique peut perturber le fonctionnement endocrinien de plusieurs façons :

-elle peut imiter l’action d’une hormone naturelle en se fixant sur le récepteur et en entraînant une réponse en apparence normale

-elle peut se lier au récepteur hormonal et empêcher la cellule de réagir, elle entrave donc l’action de l’hormone

-elle peut gêner ou bloquer les mécanismes de production ou de régulation des hormones ou des récepteurs et ainsi modifier les concentrations d’hormones naturellement présentes dans l’organisme

-elle peut agir sur les cellules germinales, et cet effet sera transmis aux générations suivantes.

On a longtemps pensé que plus la dose d'un poison est importante, plus son effet est grand . Il existerait des doses en dessous desquelles aucune toxicité ne serait observée. C'est ce que disait Paracelse au 16è siècle : « Toutes les choses sont poison et rien n’est sans poison. Seule la dose détermine ce qui n’est pas poison ». Cela se révèle faux : tout dépend du produit, car on constate de plus en plus des effets appelés « non monotones ». Certaines molécules peuvent avoir des effets plus importants à petites doses qu’à des concentrations plus fortes. Exemple : l'effet du distilbène sur les rats. Très diluée, la molécule cause une obésité extrême, tandis qu’à une dose mille fois plus importante ils perdent du poids. Et certains produits ont une action à très faible dose. S'il existe des seuils en deçà desquels ils sont inactifs, ceux-ci, jamais mis en évidence, doivent être très bas.

Les effets peuvent être irréversibles, notamment quand la perturbation intervient à des moments très sensibles, au nombre de trois : lors de la conception, pendant la vie intra-utérine, et pendant la puberté. Cette irréversibilité peut s’exprimer plus tard dans la vie de l’individu : l’exposition peut cesser, mais l’impact sur le développement et les effets indésirables subséquents sont encore à l’œuvre.

Il existe enfin des effets transgénérationnels : certains perturbateurs endocriniens peuvent provoquer des effets délétères qui se transmettent d’une génération à la suivante ; c’est le cas du distilbène (cancer du vagin). Difficulté supplémentaire : ces molécules peuvent ne pas avoir d'effet sur la génération contaminée, mais ces effets apparaissent chez leurs descendants !

          4. Prenons un exemple

          Chacun sait que le thyroïde a besoin d'iode pour fonctionner. Elle l'extrait des molécules qui en contiennent, et qui proviennent des produits de la mer (poisson, crustacés, coquillages, algues, sel marin). Les molécules contenant du fluor, du chlore ou du brome sont presque identiques à celles contenant de l'iode, puisque tous ces éléments ont la même fonction chimique (pour celles et ceux qui se souviennent de leur cours de chimie au lycée, ils se trouvent dans la même colonne de la classification périodique). Ces molécules peuvent donc se substituer aux hormones thyroïdiennes, ce qui affecte le développement cérébral, de la même façon que le manque d'iode dans les régions montagneuses isolées amenait une proportion plus importante qu'ailleurs d'attardés mentaux (les « crétins » selon l'appellation d'alors).

          Tel est le cas des polychlorobiphényls (PCB) que l'on utilisait comme isolant électrique, et que l'on trouve encore dans toute la chaîne alimentaire, des retardateurs de flamme chlorés ou bromés, et surtout des pesticides contenant fluor, chlore ou brome, et qui sont utilisés pour tuer des organismes vivants, non pas comme les tapettes à souris, mais en attaquant leurs fonctions cérébrales.

5. Effet cocktail

Les effets des molécules mélangées en cocktail ne font pas que s’additionner, ils se multiplient. Tel est le cas de trois fongicides fréquemment rencontrés sur un grain de raisin : pyriméthanil, cyprodinil, fludioxonil. Ils infligent aux cellules de laboratoire des dommages jusqu’à 20 à 30 fois plus sévères que lorsque ces pesticides agissent séparément.

6. Voies d’exposition

Elles sont multiples : par la nourriture et la boisson, bien sûr, mais aussi par la respiration, et à travers la peau.



III- Une épidémie de maladies chroniques

1. Les cancers 

En France le nombre de nouveaux cas de cancers est passé de 170 000 cas par an en 1980 à 335 000 cas en 2012 soit un doublement. Certes la population vieillit, certes le dépistage progresse mais cela ne permet pas d’expliquer l’importance de cette explosion.

C’est particulièrement le cas des cancers dits hormono-dépendants qui se forment dans des tissus sensibles aux hormones et donc aux perturbateurs endocriniens. Le nombre de cancers de la prostate a été multiplié par 5 en 30 ans. Les cancers du sein ont doublé en 20 ans avec 40 000 nouveaux cas par an. Celui des testicules qui frappe les hommes jeunes et ne fait l’objet d’aucun dépistage systématique a triplé entre 1985 et 2005.

2. Les pubertés précoces 

L’âge de la puberté fait désormais l’objet d’une alerte mondiale. Si le début des règles se maintient autour de 12,6 ans, les seins en revanche apparaissent en moyenne 9 mois plus tôt qu’il y a 30 ans. C’est une variation énorme pour un laps de temps si court surtout sous nos latitudes où les conditions de vie n’ont pas drastiquement changé.

La consultation du professeur Charles Sultan, endocrinologue pédiatrique et chef de service d’hormonologie au CHU de Montpellier, est un bon poste d’observation. Entre 1993 et 2007, 9 fillettes de moins de 8 ans en franchissaient le seuil chaque année pour une puberté précoce. En 2008, 43. En 2013, elles ont été 100. Et les chiffres continuent de grimper. Le cas le plus sidérant s’appelle Clara : ce bébé de 4 mois au moment de son examen avait des seins « de la taille d’une orange », un utérus 2 fois plus long que la moyenne et avait eu à 3 reprises des règles. Ses parents vivaient alors sur une exploitation agricole où était entreposée 22 tonnes de pesticides. Un cas rarissime heureusement.

Le phénomène est mondial : près de 15% des petites filles américaines développent une poitrine dés l’âge de 7 ans et près de 20% présentent des poils pubiens dès 8 ans. Les causes sont multiples. Près d’un tiers sont en surpoids, voire obèses, ce qui favorise le développement précoce de la poitrine chez les fillettes car les tissus adipeux produisent des œstrogènes, ces hormones sexuelles féminines essentielles lors de la puberté.

3. Les malformations génitales chez les petits garçons 

Cryptorchidie, hypospadias, micropénis : ces malformations génitales masculines ont toujours existé mais elles sont 10 fois plus fréquentes qu’il y a 20 ans !

Cryptorchidie : un testicule, ou les deux, reste dans la cavité abdominale et ne descend pas dans les bourses. En cause la testostérone et l’insuline-like factor 3. Un traitement hormonal ou une intervention chirurgicale peuvent régler le problème qui touche 2,54 pour mille des garçons de moins de 7 ans en métropole. Les conséquences sur la vie future du petit mâle sont d’importance, puisqu’il peut produire moins de spermatozoïdes et que son risque de développer un cancer des testicules est multiplié par 3,6 à 5,2 selon les études.

En France, un garçon sur 125 naît avec une malformation nommée hypospadias : son urètre n’est pas placé au bout de sa verge. Les données disponibles en France montrent une nette augmentation de l’incidence d’hypospadias depuis la fin des années 1970 jusqu’au début des années 2000 selon l’INSERM qui reste toutefois prudent tant les données varient d’une région à l’autre.

Micropénis : moins de 7 cm en érection à l’age adulte, qui accompagne souvent l’une des 2 malformations précédentes.

Ce cocktail de pathologies est 4 fois plus fréquent chez les petits garçons dont un parent est exposé professionnellement aux pesticides selon les observations du professeur Sultan.

4. Où sont passés les spermatozoïdes ?

En 1992, le professeur danois Niels Skakkebaek analyse les études sur la qualité du sperme et constate que le nombre de spermatozoïdes aurait diminué de moitié, passant de 113 millions à 66 millions par millilitre. Pourtant les résultats de Skakkebaek sont critiqués par des statisticiens et épidémiologistes.

Les années passent et les études se succèdent et démontrent la même tendance de chute du nombre de spermatozoïdes par millilitre de sperme.

Dans une étude récente, l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS), constate des différences significatives dans la qualité du sperme selon le lieu de résidence, et émet deux hypothèses. Dans des régions très viticoles comme l’Aquitaine et en Midi-Pyrénées, la baisse est plus forte. Dans ce cas, est-ce dû aux pesticides ? En effet, la surface agricole de ces régions reçoit 20% du tonnage en pesticides en France. Ensuite une autre question survient : les hommes au piètre sperme souffrent-ils par ricochet de l’exposition de leurs mères aux pesticides ?

5. Le diabète de type 2

Le diabète de type 2 est étroitement lié au système hormonal puisque la défaillance de l’insuline perturbe la régulation du taux de sucre dans l’organisme, avec des conséquences dramatiques telles que maladies des yeux, problèmes rénaux, risques vasculaires, etc. Dans le monde, les diabétiques étaient 153 millions en 1980 et seront probablement 500 millions en 2018. En France, l’incidence a augmenté de 21% entre 2000 et 2006 selon l’InVS. C’est surtout l’exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la vie adulte, et non pendant la vie fœtale, qui expliquerait de telles augmentations. Les produits concernés sont : le bisphénol A, les phtalates, les retardateurs de flamme, l’arsenic, des polluants organiques persistants (POPs : PCB, dioxines), des pesticides.

6. L’obésité 

Entre 1,4 et 1 ,5 milliards d’habitants sont en surpoids dont 500 millions sont obèses. Ce phénomène touche non seulement les pays du Nord mais de plus en plus ceux du Sud. En 30 ans, le nombre d’obèses a été multiplié par 4 dans les pays en voie de développement. 15% des français sont obèses, un chiffre qui a doublé entre 1997 et 2012. En 2006, 18% des enfants de 3 à 17 ans sont en surpoids contre 5% en 1980 et 3,5% sont obèses. Cette perturbation de la régulation du métabolisme énergétique, qui favorise le stockage des graisses, peut avoir des causes diverses : génétique, sédentarité, alimentation, naissance par césarienne, etc. Mais de plus en plus d’études scientifiques pointent les effets « obésogènes » du bisphénol A, des pesticides et de nombreuses molécules présentes dans la vie courante. Ces produits convertiraient en tout début de vie les cellules souches en cellules adipeuses (dont la fonction est de stocker les graisses).

7. L’autisme 

Le fait que les petits garçons sont 3 fois plus touchés que les filles peut laisser raisonnablement penser que des effets hormonaux sont à l’œuvre. Le rôle essentiel que jouent les hormones thyroïdiennes dans le développement neurologique du fœtus est bien documenté.

Une étude menée sur 99,1 millions d’assurés de l’ensemble du territoire américain montre une répartition géographique de l’autisme très proche de celles des malformations génitales dont les liens avec les perturbateurs endocriniens ne sont plus à prouver : les enfants autistes ont 5,5 fois plus de risques de présenter de telles malformations. Les polluants à pointer du doigt sont : les PCB, certaines dioxines, le bisphénol A, des retardateurs de flamme, des pesticides organophosphorés, certains solvants.

8. D’autres maladies à investiguer

En février 2013, L’OMS et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) ont publié un rapport fracassant sur les perturbateurs endocriniens. Les deux institutions consacrent notamment quelques pages à certains troubles typiques du système reproducteur féminin comme le syndrome des ovaires polykystiques, les fibromes utérins et l’endométriose. Prudemment, le PNUE et l’OMS soulignent la part génétique de ces maladies et ne concluent pas formellement au rôle décisif des produits chimiques dans leur survenue. Mais ils invitent sérieusement les scientifiques du monde entier à approfondir la question.

9. Le développement du cerveau.

Des recherches pointent la responsabilité des pesticides organophosphorés dans les troubles du développement cognitif des jeunes enfants. En particulier, la mémoire de travail est moins efficiente, de façon significative. Les retardateurs de flamme ont, eux, un effet sur la compréhension verbale, et là encore, l’effet est plus important chez les garçons.

Une recherche menée à l’hôpital Sainte-Anne montre des effets psychiatriques chez les enfants dont les mères ont été exposées au distilbène.



IV- La législation française

Première mesure : le bisphénol A est interdit dans les biberons en 2010.
Cette décision pèsera sur la Commission européenne qui interdira ensuite totalement le bisphénol A.

Cette décision a été rendue possible par l’action d’associations, comme le Réseau Environnement-Santé et son intervention auprès des députés, qui ont le rôle de décision réglementaire.

En fait, la France (ainsi que la Suède) a été en pointe en matière réglementaire, ainsi que dans son action pour faire évoluer la réglementation européenne dans ce domaine.

C’est l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui réalise les travaux d’évaluation du risque, de veille scientifique et de référence sur les perturbateurs endocriniens. Elle a notamment lancé un travail d’envergure visant une trentaine de substances identifiées comme préoccupantes au regard de leur action de perturbateur endocrinien. Elle soutient par ailleurs des travaux de recherche via son Programme National de Recherche en Environnement-Santé-Travail (PNR-EST).



V- La législation européenne sur les perturbateurs endocriniens : quand Bruxelles joue avec notre santé.

En octobre 2009, les autorités européennes publient un règlement qui interdit dans les pesticides les substances « considérées comme ayant des effets perturbateurs endocriniens pouvant être néfastes pour l’homme ». On trouvera ensuite des restrictions similaires pour les biocides, les cosmétiques et les produits chimiques en général. Il faut établir la liste officielle de ces produits. La Commission européenne doit faire ce travail, avec échéance en 2013. Mais sans budget pour le faire réaliser par des scientifiques indépendants, elle s’en remet à des bénévoles par ailleurs rétribués par les industriels. L’objectif des lobbies industriels est d’instiller le doute sur la nocivité des perturbateurs endocriniens, et d’obtenir la réglementation la moins rigoureuse possible. La Commission tergiverse. Et pourtant, si l’on prend le cas du bisphénol A, ce sont de l’ordre de 8000 articles dans la presse scientifique, qui relataient autant de travaux de recherche mettant en lumière les effets néfastes de cette molécule.

En décembre 2015, la Cour de Justice de l’Union européenne condamne la commission pour avoir failli à son obligation ! Elle souligne que l’impact économique ne doit influer en rien sur la définition de critères scientifiques.

Première proposition en juin 2016, qui déclenche un tollé puisqu’elle impose la certitude d'un lien de causalité entre le mode d’action endocrinien et l’effet indésirable sur la santé humaine. La preuve est quasi-impossible à apporter scientifiquement sans engager des études sur plusieurs générations ! C’était d’ailleurs le cas pour le distilbène. De plus, il n’y est question de perturbateurs endocriniens que dans les biocides et les pesticides.

Dans Le Monde du 16 Juin 2016, l’article écrit par Stéphane Roussel « Perturbateurs endocriniens : tollé contre Bruxelles » indique que la Commission Européenne exige des niveaux de preuves d’effets nocifs très difficiles à atteindre. Il indique que plusieurs études ont tenté de chiffrer le coût, pour la société, des maladies liées à une exposition aux perturbateurs endocriniens. Les estimations oscillent entre 157 et 288 milliards d’euros par an en Europe.

Pour que les perturbateurs endocriniens soient réglementés, la Commission propose en effet de leur appliquer une sorte d’adaptation de la définition énoncée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2002. Ce choix implique non seulement que les effets nocifs d’une substance soient démontrés et qu’ils soient causés par une action à travers le système hormonal, mais aussi qu’ils soient « pertinents » en termes de santé humaine. Or certains signaux d’alerte proviennent du monde animal, et tous ne sont pas forcément « pertinents » dans le sens où l’entend la Commission. L’imposex, par exemple, est un trouble qui procure des pénis aux femelles bulots. Et si aucune affection équivalente n’a, à ce jour, été constatée chez les humaines, l’alerte n’en a pas moins été lancée sur les perturbateurs endocriniens de la branche des organoétains qui se sont avérés en être la cause.

« Le niveau de preuve est si élevé qu’il nous faudra attendre des années de dégâts sur la santé avant de pouvoir retirer du marché » un perturbateur endocrinien, analyse Lisette van Vliet, de l’association HEAL, qui représente plus de 70 ONG santé-environnement en Europe. « La présentation des critères réalisée aujourd’hui s’éloigne de manière honteuse des connaissances scientifiques actuelles », renchérit Michèle Rivasi, députée européenne du groupe des Verts/Alliance.

Andreas Kortenkamp, professeur de toxicologie à l’université de Brunel, à Londres (Royaume-Uni), spécialiste mondialement reconnu du sujet, estime que la Commission a tricoté dans les détails techniques de sa proposition un véritable retour vers ce que l’on appelle l’« évaluation des risques ». Derrière ce jargon réglementaire se cache le principal enjeu du choix de la Commission. L’ « évaluation des risques » permet de mesurer la nocivité des substances alors qu’elles sont déjà sur le marché, en fonction de calculs prenant en compte l’exposition. Or, le règlement Pesticide, adopté en 2009, exige une tout autre approche, en amont, dite « fondée sur le danger ». D’après le chercheur, la Commission tournerait le dos à cette obligation de précaution pourtant inscrite dans la loi.

Trois nouvelles propositions, en décembre 2016, en février 2017, et en avril 2017, souffrent du même défaut, et suscitent les mêmes réactions des sociétés savantes et des associations. Celle de décembre prévoit même une dérogation pour les pesticides conçus pour agir comme perturbateurs endocriniens sur les ravageurs ! Le gouvernement français a fait savoir son opposition à ces propositions. Et, dans une lettre ouverte aux ministres européens de la santé, de l’environnement et de l’agriculture, une quinzaine de scientifiques, dont Rémy SLAMA, de l’INSERM, président du conseil scientifique du Programme National de Recherche sur les PE, affirment que cette nouvelle proposition n’a pas de sens au plan scientifique : un perturbateur endocrinien doit être défini par son effet sur la santé, pas en fonction de sa finalité ! On n’a plus le temps de tergiverser : nous avons suffisamment d’éléments de preuve pour agir avant l’éclatement d’un gigantesque scandale sanitaire.

La découverte de molécules perturbatrices endocriniennes en Antarctique ou dans les grands fonds marins prouve que le problème est mondial. Une interdiction généralisée de ces molécules dans le monde entier ferait reculer l’épidémie mondiale de maladies chroniques présentées ci-dessus. Il faudrait créer un groupe international sur le modèle du GIEC dans le domaine climatique.

Malheureusement, en juillet 2017, le nouveau gouvernement français baisse les bras par rapport aux demandes de l’Allemagne, soutenant, elle, ses géants de l’industrie chimique, en abandonnant son opposition, aux côtés du Danemark et de la Suède, au projet précédent de la Commission. Le 4 juillet, un vote favorable des États membres adopte cette proposition, y compris avec la dérogation pour les pesticides conçus comme perturbateurs endocriniens. Cette décision a déclenché un tollé parmi les associations environnementalistes, y compris d’ailleurs de la part de la Fondation Nicolas Hulot, dénonçant une « définition au goût amer », en contradiction avec le ministre du même nom, parlant, lui, d’ « une avancée considérable ».

Ce vote ayant été acquis au sein du Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale, plus de 70 associations européennes appellent le Parlement européen à rejeter les critères adoptés.

En septembre, la commission Environnement du Parlement européen rejette la proposition de la Commission, suivie en octobre par le Parlement lui-même. Ce dernier vote est même acquis à la majorité absolue ! Le principal point de clivage, c’est la dérogation pour les produits conçus justement pour être des perturbateurs endocriniens des insectes cibles. La copie à rendre par la Commission européenne en 2013 est encore à revoir !

En revanche, les mêmes produits destinés à tuer les insectes, à partir du moment où ils ne sont plus utilisés sur les cultures, mais à l'intérieur des habitations, perdent leur nom de pesticides, et deviennent des biocides. Quelle différence, direz-vous ? Pour Bruxelles, elle est énorme : contrairement à la réglementation sur les pesticides, celle sur les biocides ne nécessite pas de passage devant le Conseil ou le Parlement. C'est la Commission européenne qui décide seule. Et en décembre 2017 elle a décidé de traiter les perturbateurs endocriniens contenus dans les biocides comme ceux contenus dans les pesticides, alors que sa proposition pour ces derniers a été rejetée par le Parlement.


VI- Quelques conseils pour se mettre à l’abri

L’évolution des comportements individuels peut contribuer à faire évoluer les choses ! Mais il est difficile d’échapper à ces produits qui ont contaminé tout l’environnement.

1. L’air intérieur

Aérez au maximum toutes les pièces et faites la chasse aux moutons de poussière car les toxiques s’y accumulent. Déchaussez-vous en entrant pour éviter d’introduire des pesticides qui finiront incrustés dans le tapis et la moquette. Dans les chambres, évitez les appareils électroniques qui exhalent des retardateurs de flamme. Limitez l’usage de tout ce qui ressemble à un parfum d’intérieur (bougies, encens). Autant que possible, n'utilisez pas d'insecticides.

2. La salle de bains

S’y trouvent des perturbateurs endocriniens en pagaille tels des parabens (utilisés comme conservateurs), du triclosan et du triclocarban (utilisés dans les savons microbiens) ou de la benzophénone (utilisés dans les crèmes solaires et qui a montré des effets sur la fertilité masculine), des siloxanes, des muscs synthétiques et des phtalates (parfums). On a dénombré environ 7000 produits de beauté et d’hygiène contenant un ou plusieurs perturbateurs endocriniens : les vernis à ongles, fonds de teint, maquillage pour les yeux, démaquillants, rouges à lèvres, crèmes pour le visage, dentifrices, shampoings.

Philippe Perrin, éco-infirmier spécialisé dans les questions de santé et de pollutions, recommande de bannir les parfums, les désinfectants.

Le rideau de douche souvent en PVC est un nid à phtalates et pourra être remplacé par un rideau en coton, en nylon, en résines ou par une porte en verre.

Les petits canards jaunes avec lesquels les enfants jouent sont bourrés de DEHTP, un phtalate de substitution qui n’a pas encore été évalué.

3. Le ménage

Les désodorisants, le produit vaisselle parfumé, la mousse magique qui décape votre four (et vos poumons) : tout cela coûte cher et pollue beaucoup l’intérieur des foyers, même s’ils ne contiennent pas tous des perturbateurs endocriniens. Optez plutôt pour le vinaigre blanc, le savon noir et le bicarbonate de soude. Ils nettoient, désinfectent, récurent, détartrent, décapent, assouplissent et dégraissent parfaitement.

4. La cuisine

Beaucoup de plastiques sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. Alors, par précaution mieux vaut éviter les spatules souples, ramequins incassables et boîtes de toutes tailles, pourtant si pratiques. Plutôt que le robot mixeur à bol translucide (bisphénol A), la bouilloire en plastique (idem) et les poêles à fond antiadhésif (à base de composés perfluorés), achetez plutôt le verre, l’acier inoxydable, la fonte émaillée et une bonne spatule en bois.

Bannissez également les boîtes de conserve et les cannettes de boisson chemisées de bisphénol A au profit de bocaux en verre. Tous les récipients alimentaires doivent théoriquement être exempts de ce perturbateur endocrinien depuis le 1er janvier 2015.

5. L’alimentation

L’agriculture biologique permet d’éviter les OGM, les antibiotiques et les engrais de synthèse. Les pommes sont les fruits les plus traités (plusieurs dizaines de traitements sur chaque fruit !). Certains additifs alimentaires (E320) et plusieurs conservateurs (E214/215/218/219) sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Le meilleur moyen de s’en garder c’est de ne pas acheter de plats préparés ; en clair il vaut mieux préparer son alimentation soi-même à partir de produits « bruts ». D’autant que les plats tout prêts sont le plus souvent vendus sous emballage plastique dont le chauffage au micro-ondes favorise la migration des polluants dans les aliments.

Les poissons gras ne devraient pas être consommés plus d’une fois par semaine. Ils contiennent des acides gras oméga 3 intéressants pour la santé. Mais le saumon, par exemple, concentre aussi certains polluants comme les PCB, les pesticides et les dioxines qui sont des perturbateurs endocriniens.

Et le paquet de pâtes entouré de plastique ? Et les gâteaux dans leur emballage translucide ? Et la tranche de jambon qui baigne dans une barquette transparente ? On n’en sait rien, faute d’étude. Privilégier la nourriture vendue dans des emballages en papier. Acheter des denrées vendues « en vrac » dans les magasins bio, le plus souvent servies dans des sachets kraft. Faire le marché muni de bocaux en verre pour y transporter les aliments vendus à la coupe. Ou bien renoncer à avoir prise sur cet aspect des choses, faute de temps ou d’envie. Le fait de s’offrir une alimentation essentiellement bio constitue déjà une protection importante.

6. La chambre

Couettes, draps, matelas, coussins : tous sont traités pour notre bien au risque de nous faire du mal. Il y a d’abord les retardateurs de flamme bromés. Pour les repérer, une seule étiquette, libellée d’un sibyllin « conforme aux exigences du décret n° 2000-164 du 23 février 2000 ». A noter que la preuve de leur efficacité n’a jamais été apportée. On trouve ensuite des anti-taches qui empêchent les graisses et l’humidité de pénétrer les fibres. Le plus connu d’entre eux : le PFOA utilisé pour les poêles antiadhésives. Le linge de maison subit également des traitements anti-acariens à la permétrhine, un insecticide très toxique.

Les habits contiennent aussi des perturbateurs endocriniens. Des composés perfluorés dans les vêtements imperméables, des phtalates dans les plastiques utilisés pour imprimer en sérigraphie des images et des logos, des nonylphénols en guise de tensio-actifs dans les textiles. Il est conseillé de laver les vêtements neufs avant de les porter, afin d’évacuer les pesticides utilisés pour la culture du coton. Des produits qui atterriront, via le réseau d’évacuation, dans les cours d’eau et l’océan.

Même les lubrifiants des préservatifs en contiennent !

7. La santé

Pas question d’arrêter un traitement en apprenant qu’un médicament contient un perturbateur endocrinien. C’est au médecin d’évaluer le rapport bénéfices/risques. Mais il est important de savoir que certains médicaments ont des effets néfastes sur le système hormonal. Il y a encore 150 médicaments qui contiennent des phtalates ! Et plusieurs sont blanchis au dioxyde de titane (le fameux E 171).

a. Les antalgiques

L’aspirine, l’indométacine et le paracétamol « pourraient bien agir comme des perturbateurs endocriniens au même titre que le bisphénol A ou les phtalates tant décriés » écrit l’INSERM. La découverte, annoncée en juin 2013 par le professeur Bernard Jégou, directeur de l’Institut de Recherche Santé, Environnement et Travail (IRSET) à Rennes, a été accueillie dans une indifférence générale. Pourtant, c’est extrêmement préoccupant, puisque le paracétamol est l’un des seuls médicaments de confort que la femme enceinte peut utiliser. Quantité d’études suggèrent l’existence d’un lien entre la prise de ces antalgiques pendant la grossesse et la cryptorchidie chez l’enfant. Des cellules de testicules d’hommes exposées à des antalgiques ont montré des troubles de la production de testostérone.

Et, d'après une étude franco-danoise récente, cet effet a été confirmé pour l'ibuprofène et le paracétamol.

b. Les enrobages

Des phtalates entrent dans la composition des plastifiants utilisés pour les enrobages gastro-résistants des comprimés ou des formes à libération prolongée.

c. Les dispositifs médicaux

A compter du 1er juillet 2015, l’utilisation de tubulures comportant un certain phtalate (DEHP) est interdite dans les services de pédiatrie, de néonatalogie et de maternité. En 2011, une étude de l’InVS mettait en lumière que les femmes accouchant par césarienne ou à l’aide de forceps présentaient en moyenne des concentrations plus élevées en bisphénol A et en phtalates dans les urines que celles qui accouchent naturellement. Un relargage qui provient probablement du plastique des poches urinaires et des perfusions.

d. Les soins dentaires

Les composites dentaires qui servent à obturer les caries ainsi que les résines de scellement de sillons dentaires contiennent du bisphénol A, puisqu’ils sont formés à partir de résines époxy. Les « effets indésirables » de la présence de bisphénol A dans ce lieu très vascularisé et perméable du corps seraient en cours d’étude, assure l’Ordre National des chirurgiens-dentistes. Les plombages, appelés aussi amalgames dentaires, contiennent du mercure, un reprotoxique, neurotoxique, immunotoxique et perturbateur endocrinien.

8. Les bébés et les enfants

a. Les vêtements

Lavez les habits neufs au moins une fois avant d’en vêtir votre petit. Les dessins plastifiés sur les vêtements sont à proscrire car la probabilité qu’ils comportent des phtalates est élevée.

b. La vaisselle

Pour les assiettes, les bols et les timbales, privilégiez la céramique ou le verre. L’inox, durable et sans risque aucun, constitue aussi une bonne alternative. Optez pour des biberons en verre ou en inox.

Évitez la vaisselle en mélamine (il s’agit d’un plastique dur et léger à la fois, résistant à la chaleur et aux chocs) : elle est garantie sans bisphénol A et sans phtalate mais vous pourrez y trouver du formaldéhyde (un gaz probablement cancérigène) et des amines aromatiques primaires (des dérivés de l’ammoniaque qui se forment à partir de substances du plastique) surtout si les produits ont été fabriqués en Chine ou à Hong-Kong.

c. Les lingettes

Le magazine Que Choisir a analysé la composition de lingettes destinées aux enfants et a détecté des perturbateurs endocriniens dans plusieurs d’entre elles. Une vraie préoccupation puisqu’elles sont appliquées sans rinçage et plusieurs fois par jour sur une peau de bébé souvent irritée. Optez plutôt pour le gant de toilette, l’eau, le savon et le liniment (mélange d’huile d’olive et d’eau de chaux).

d. Les couches-culottes

La composition n’est pas indiquée, mais il faut compter avec des HAP et des dioxines.

e. Les jouets

Plus ils viennent de loin, plus il est difficile de connaître leur composition et leur mode de production. Des labels « écologiques » vous guident. L’ONG Women in Europe for a Common Future (WECF) a édité un guide simple et efficace. En résumé, il est plus prudent d’éviter les poupées en plastique, les peluches en synthétique, les jouets en bois peints (plomb) ou vernis ainsi que ceux en plastique (phtalates, bisphénol A). Passez à la machine les jouets qui le peuvent avant utilisation, optez pour des feutres et des peintures labellisés. A souligner que les cadeaux publicitaires et les objets de décoration ne sont pas soumis à la réglementation des jouets.

Pendant la grossesse, évitez les travaux de bricolage dans la chambre du bébé. Choisissez si possible des matériaux sains en réduisant la présence de moquettes, de textiles synthétiques, de bois aggloméré (formaldéhyde de la colle) et des revêtements en plastique. Et consommez aliments, sel et compléments iodés, afin de saturer votre thyroïde en iode et éviter ainsi les molécules indésirables.



VII- Quelle action collective ?

L’action des associations comme France Nature Environnement, Générations Futures ou encore le Réseau Environnement-Santé est essentielle. Il faut sensibiliser la population, l’informer. C’est ce que nous avons tenté de faire avec notre conférence-débat d’octobre 2017 sur ce thème. L’objectif doit être de rendre compréhensibles les connaissances scientifiques par le plus grand nombre.

Il faut intervenir auprès des décideurs à tous les niveaux pour obtenir l’application des interdictions, pour développer les crédits de recherche dans ce domaine (attribués à des chercheurs présentant des garanties d’indépendance), pour faire appliquer le principe de précaution dans les cas de suspicion sérieuse.

A notre niveau, nous devons intervenir auprès des responsables municipaux pour faire cesser le recours à tous les produits d’entretien des locaux, peintures, encres, etc. qui produisent des effets nocifs sur les personnels municipaux, et sur la population en général. C'est ce que nous avons fait par un courrier au maire en novembre 2017, lui proposant d'explorer les possibilités de réduire ou même d'éliminer les PE au moins dans deux catégories de produits importants : l'alimentation (cantine des écoles et celle des personnels municipaux), et les produits de nettoyage et d'entretien des locaux municipaux.

Le Conseil de Paris a adopté mardi 12 décembre à l’unanimité la résolution : « Perturbateurs Endocriniens : appliquons le principe de précaution ». Paris s’engage en signant la charte « Villes et Territoires Sans Perturbateurs Endocriniens » et se prononce en faveur d’un audit sur la présence des Perturbateurs Endocriniens dans les établissements parisiens dont elle a la charge et accueillant des publics fragiles. C’est un engagement sur une démarche pour réduire l’exposition de la population aux Perturbateurs Endocriniens ainsi que le recommande la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens. Ce qui se fait à Paris peut également être mis en œuvre à Villejuif !

A l'heure où nous écrivons, nous n'avons pas eu de réponse. Nous avons demandé à rencontrer le maire à ce propos.

1ère version, décembre 2017


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