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Monsieur Bernard TOMASINI

Préfet du Val de Marne

Avenue du Général de Gaulle

94011 Créteil cedex

 

Monsieur Le Préfet,

Habitants de Villejuif, nous nous sommes constitués en association dénommée AGIR À VILLEJUIF, déclarée le 21 juin 2004. Son objet est de :

" Rassembler le plus grand nombre possible d’habitants de Villejuif afin d’obtenir l’information des populations concernées par tous les risques industriels répertoriés dans notre ville. Ces informations doivent porter sur la nature des risques encourus, sur les procédures à appliquer en cas d’accident, sur le classement des entreprises et les réglementations en vigueur, ainsi que sur leur respect ou leur non-respect, et obtenir des services de l’État que, le cas échéant, ils agissent pour assurer notre sécurité ".

Agissant dans le champ ainsi déterminé, nous souhaitons attirer votre attention sur le fait que au minimum 1,8 tonne d’uranium appauvri est entreposée en plein centre-ville de Villejuif, dans les locaux de l’entreprise DEBUS, et cela depuis plus de 2 ans.

A l’origine de cette situation, il convient de vous rappeler en résumé, " l’affaire DEBUS " que deux quotidiens, Le Figaro et Le Parisien, ont relatée les 25 et 27 février 2004 :

Le 19 mai 2003 et à nouveau le 4 novembre 2003, l’entreprise Métal-Blanc, dans les Ardennes, détecte de la radioactivité dans un camion transportant des déchets provenant de la fonderie BUDIN d’Aubervilliers. Le métal incriminé qui y avait été traité venait de l’entreprise de recyclage de métaux DEBUS, située à Villejuif.

Le responsable de la fonderie BUDIN soutient dans Le Parisien que les documents établis par l’entreprise DEBUS portaient sur un chargement de plomb à déferrer.

Un responsable de l’IRSN a déclaré au Parisien, parlant du responsable de l’entreprise DEBUS : " Il n’a pas informé la comptabilité nationale des matières nucléaires. Il devait aussi prévenir le destinataire de la nature du chargement. ".

L’entreprise DEBUS est spécialisée dans la récupération et le recyclage de métaux. A ce titre elle récupère l’uranium appauvri sur des têtes de thératron provenant des hôpitaux de Villejuif et alentours (matériel utilisé en radiothérapie). Elle les fait livrer à une fonderie qui sépare l’uranium appauvri et le plomb contenus dans les têtes de thératron. Ensuite ces deux métaux sont retournés à l’entreprise DEBUS, qui fait en temps normal enlever l’uranium appauvri par l’ANDRA.

Mais depuis au moins deux ans, l’uranium appauvri n’a pas été récupéré par l’ANDRA, et cette situation est inacceptable. Nous avons attiré l’attention de l’ANDRA à deux reprises sur cette situation, les 25 septembre et 21 octobre 2005, mais nos courriers sont restés lettres mortes.

Or l’uranium appauvri n’est pas un " déchet " anodin.

La radioactivité naturelle des sols est de l’ordre de quelques Bq/kg. La radioactivité de l’uranium appauvri (UA) est elle de 12 millions Bq/kg. Le terme d’appauvri ne doit donc pas tromper, ce produit peut être plusieurs millions de fois plus dangereux que la radioactivité naturelle ambiante.

La radioactivité a des effets mutagènes (risques de transmission d’anomalies génétiques aux descendants), et des effets cancérigènes essentiellement sur les poumons, les reins, les os et le sang.

Toute contamination par un produit radioactif ne déclenche pas un cancer. C’est la probabilité de son déclenchement qui augmente, proportionnellement à la dose de rayonnement reçue. A forte dose, forte probabilité de déclencher un cancer, à faible dose, faible probabilité, ce qui ne signifie pas probabilité nulle. Il n’y a donc pas d’innocuité des faibles doses.

C’est d’ailleurs en tenant compte de ces spécificités de l’uranium appauvri que les pouvoirs publics ne l’ont pas intégré dans la chaîne de traitement des déchets industriels ordinaires mais ont confié à l’ANDRA le soin de l’acheminer à CADARACHE et de l’y entreposer.

Nous constatons donc une carence de cet organisme dans sa mission de service public.

De surcroît, des informations directes et précises que nous avons recueillies auprès de Monsieur DEBUS, laissent apparaître qu’il entend cesser bientôt son activité. Nous sommes donc légitimement inquiets du devenir du site, si le stock d’uranium appauvri s’y trouve toujours à ce moment.

Nous sommes éclairés à ce propos par les multiples précédents dont la presse s’est abondamment fait l’écho, concernant des sites contenant des déchets toxiques qui y sont restés de longues années en raison de différends d’ordre juridique sur la responsabilité de leur retrait. Nous sommes donc déterminés à ce que le stockage de l’uranium appauvri à Villejuif ne soit que très temporaire et qu’il en ait disparu avant la fermeture de l’entreprise DEBUS.

Pour toutes ces raisons, nous vous demandons, Monsieur Le Préfet, d’intervenir en tant que représentant de l’Etat, responsable de la sécurité publique sur le département du Val de Marne, afin que l’ANDRA retire au plus vite l’uranium appauvri stocké dans l’entreprise DEBUS de Villejuif.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de notre haute considération.

 

Fait à Villejuif, le

Pour l’association AGIR A VILLEJUIF

Le Président

Yves VAUNAIZE

 

Copie : M. le député de la 11ème circonscription du Val de Marne

Mme la Ministre de l’environnement

M. le Ministre de l’Industrie

M. le Président du Conseil général du Val de Marne

Mme la Maire de Villejuif

MM. les conseillers généraux des cantons Villejuif –est et ouest

MM. les directeur de la rédaction du Figaro et du Parisien.

Pièces jointes : courriers adressés le 25/9/2005 et le 21 octobre 2005 à l’ANDRA

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