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VISITE D'ATMOSTAT le 14 janvier 2005


Accueil très courtois du directeur de l'usine de Villejuif, accompagné du responsable financier et administratif et du responsable environnement. Pour la Mairie, M. BENISTI, responsable du service hygiène cadre de vie. Pour l'association, Yves VAUNAIZE, président, Eric ESCODA, président adjoint, Alain HOUARD, membre du bureau. Pas de représentant d'autre association ou organisme.
De 15 h à 18 h, visite en 3 temps. D'abord un premier échange très approfondi, ensuite une visite proprement dite du site, enfin un dernier échange.


Présentation

ATMOSTAT a été créée à Villejuif il y a 50 ans, pour répondre à des commandes de la Division des Applications Militaires du Commissariat à l'Énergie Atomique (DAM-CEA), en clair pour des éléments extérieurs de missiles et d'armes nucléaires : coiffe de tête d'ogive, fuselage...
ATMOSTAT appartient au groupe PIB, qui possède aussi METACERAM à Villejuif. A ce propos, cette unité est fusionnée avec PMB et va aller s'installer en 2005 en province.
Outre le CEA, les clients d'ATMOSTAT sont SAGEM, Thalès, etc.… Le chiffre d'affaires 2005 est d'environ 9 millions d'euros, dont 600 000 avec les produits contenant du béryllium (7 %), montant qui se réduit d'ailleurs (15% du chiffre d'affaires il y a 4 ans).
Spécialité (1 seul autre concurrent en Europe, un gallois) : l'alliage béryllium-aluminium, très léger et robuste. ATMOSTAT compte une soixantaine de salariés.
Autre spécialité, l'usinage d'alliages d'aciers inoxydables, donc sans béryllium ni aucun produit dangereux, soit au laser, soit à froid, sous atmosphère contrôlée (chambre stérile pour éviter des poussières qui détériorent les caractéristiques physiques et moléculaires du produit).


Questions / réponses

Pour évaluer les réponses apportées, je fais le lien avec le panel des questions que nous avions préparées.

Est-ce que vous utilisez du béryllium ou un autre métal toxique ? Si c'est le cas : depuis quand, sous quelles formes (alliages) et en quelles quantités (pur, oxyde de béryllium, fluorure…) ?

Il y a du béryllium uniquement, mais pas sous forme d'oxyde ni de fluorure. Ils n'utilisent pas non plus de poudre de béryllium facilement inflammable : la seule poussière de béryllium est le résultat de l'usinage. Ils ne font plus de bore (sans danger) : c'est ce que fait maintenant Métacéram après le transfert de ses autres activités. Le béryllium est usiné pour un alliage béryllium/aluminium à 40/60. L'alliage est utilisé en appliquant les mêmes règles de sécurité que pour le béryllium pur. Il est utilisé depuis très longtemps, au moins 20 ans à Villejuif, toujours pour les mêmes clients. La quantité est en diminution depuis 3 ans, du fait du marché, car c'est un alliage très coûteux, le CEA n'en prend plus, seul un client continue d'en souhaiter actuellement. Atmostat conserve les lignes de production pour d'éventuelles commandes.
Il n'y a pas d'autre produit toxique utilisé, si l'on excepte de l'huile de machine (un bidon lui-même sur bac d'étanchéité).

Quel est le circuit de ce métal dans vos ateliers,
réception, stockage, usinage, récupération et évacuation des résidus solides ?
Comment sont évacués et traités les déchets contenant du béryllium ?

Réception sous forme de barres de métal (inerte) provenant des États-Unis.
Usinage dans un atelier en sous-sol, avec circuit d'air particulier (double filtrage).
Les machines ont des capots avec deux aspirations : celle d'origine de la machine et une autre sous le capot au plus prés de la source d'émission.
Résidus solides (particules, filtres, protections et survêtements des salariés) conditionnés dans des containers, dans un local à part puis évacués de façon distincte des déchets normaux, par des entreprises spécialisées. Une armoire en béton reçoit à l'extérieur les particules solides. Elle est coupe-feu (2h l'armoire + 2h le container à l'intérieur). Le principal risque avec le béryllium, c'est l'hydrogène car alors risque d'explosion , donc ils veillent à éviter la rencontre du béryllium avec l'eau, d'où circuits séparés, bacs étanches.

Y a-t-il des risques d'écoulement de l'eau de nettoyage de l'atelier béryllium vers les égouts ?

Résidus liquides après nettoyage recueilli depuis 3 ans dans un circuit de récupération spécifique, qui ne part pas dans les égouts mais dans des containers hermétiques également évacués par les entreprises spécialisées. Ils sont situés à l'extérieur, sont " très peu pollués " et posés sur des supports permettant la récupération du liquide en cas de fuite.
Auparavant, le liquide était accumulé dans une cuve souterraine dont le contenu était analysé avant d'être évacué par les égouts.

Procédez-vous à des analyses aux différents stades de l'utilisation des métaux :
- sur la teneur en poussières de béryllium, sur la grosseur des particules
- sur la présence en suspension ou autre, de matières dangereuses
- sur l'état des outils, des tuyauteries et des objets en contact avec le béryllium ?

Oui, contrôle permanent de la composition de l'air par un technicien maison dont c'est le travail exclusif. Il effectue des prélèvements non seulement dans l'atelier béryllium mais aussi dans l'ensemble de l'entreprise.

Les normes sur la toxicité du béryllium sont remises en question. Vous en tenez-vous aux seuils actuels ou êtes-vous en pointe ?

Par rapport aux seuils actuels, se situe en général 30 fois en dessous. Pour étayer ce propos, Atmostat s'est engagé à nous adresser un relevé des taux constatés avec en regard les seuils. Ils préparent un dossier reflétant les analyses mises en oeuvre.

Quel est le dispositif d'évacuation des fumées ?
Comment procède-t-on au nettoyage du filtre de l'atelier béryllium ?
Connaissez-vous la nature des substances contenues dans les fumées ?
Y a-t-il des capteurs, des indicateurs de teneur en produits toxiques ?

La seule fumée restituée dans l'atmosphère provient du chauffage (au gaz je crois).
Les filtres de l'atelier usinant le béryllium sont doublés. Étant utilisés dans l'industrie nucléaire, ils sont réputés ne laisser strictement rien passer. Régulièrement recueillis pour analyse puis évacuation avec les déchets pouvant contenir du béryllium.

Pouvez-vous détailler la protection des employés qui manipulent le béryllium, mesurez-vous la dose d'exposition ?

Toutes les personnes accédant à l'atelier du béryllium lorsqu'il fonctionne doivent s'équiper, en combi jetables, sur-chausses ..., comme en salle d'opération.
Les opérateurs permanents disposent à l'entrée de l'atelier d'un double vestiaire (vêtements de travail / vêtements propres) pour se déshabiller et s'équiper avec douches spécifiques. Un prélèvement d'air est effectué à leur hauteur chaque jour et analysé. Des personnes sont depuis 20 ans dans ce service.

Analysez-vous la prédisposition génétique des employés d'ATMOSTAT, sont-ils devenus sensibles à la bérylliose, l'ont-ils développée ?
Ont-ils eu une affection neurotoxique ?
Y a-t-il un suivi quand ils quittent l'entreprise ?

Un protocole très en pointe a été conçu et est suivi avec la médecine du travail et une équipe de l'hôpital Mondor de Créteil. Il prévoit des biopsies régulières, bien plus significatives que les prises de sang ordinaires. RAS à Villejuif.
A leur connaissance, il n'y a eu en tout qu'un cas de bérylliose en France, sur un chantier d'Alsthom.

Si un incident a lieu dans une pièce contenant du béryllium, est-elle mise en dépression ?

Non, pas nécessaire.

Comment éviter le refoulement de l'air contaminé vers l'extérieur en cas de coupure d'électricité ?

Circuit fermé, tout s'arrête.

Existe-t-il un groupe électrogène déclenché automatiquement ?

Non

En cas d'incident ou d'accident, y compris d'explosion, dans ATMOSTAT, quel dispositif avez-vous prévu pour éviter la dispersion des substances toxiques ?

L'atelier est enfoui et son accès est très strict.
En cas de pépin, tout ce qui contient ou a contenu du béryllium sous une forme de particules est dans des containers qui peuvent résister à la chaleur ou à l'eau.

Les services de secours, en particulier les pompiers, sont-ils informés de l'utilisation de béryllium, ont-ils des consignes particulières ?

Ils connaissent ATMOSTAT et ses particularités techniques, oralement et par écrit. S'il y a un protocole particulier d'intervention, il n'est pas imposé par la réglementation, c'est à eux de le mettre en place.
Les pompiers savent qu'il ne faut pas utiliser d'eau sur un feu, l'hydrogène qui serait produit risquant avec le béryllium de provoquer une explosion.

Les pompiers ne peuvent manœuvrer dans la cour, ont-ils fait des exercices chez ATMOSTAT ?

Ils y sont régulièrement invités

Comment les riverains sont-ils prévenus des dangers de diffusion de béryllium (ou autre) et que doivent-ils faire (confinement, évacuation, etc.…) ?

Pas de réponses, voir sur ce point la mairie et les pompiers

Quel lien est prévu avec les autorités, mairie et préfecture ?

La mairie (service de M. BENISTI) connaît bien ATMOSTAT.

Mêmes questions si un incident ou accident se produit à l'extérieur d'ATMOSTAT, à proximité (tempête, coupure d'électricité, etc.…), l'enclavement de l'entreprise au milieu des maisons rendant les interactions difficilement maîtrisables.

Pas de réponse

Est-il prévu un protocole spécial permettant d'isoler les zones à risque et informant les riverains des mesures de sécurité à prendre ?

Non, la réglementation ne l'impose pas, voir pour ça les pompiers et la mairie.

En septembre 1990 un incendie dans un atelier travaillant le béryllium au Kazakhstan a provoqué un nuage toxique, avez-vous suivi cette affaire ; si oui, quelles conséquences en avez-vous tirées dans vos ateliers ?

Oui ils connaissent. ATMOSTAT c'est très différent, quantités infimes de béryllium, et de toute façon ATMOSTAT est en pointe en matière de sécurité environnementale, RAS.

Avez-vous des liens organiques ou techniques avec METACERAM, échangez-vous du béryllium ou d'autres substances dangereuses ?

Oui, Metaceram est dans le groupe PIB aussi. Pas de liens directs, pas d'échange de produits. Métacéram détient quasi exclusivement un marché mondial de mini-fenêtres en béryllium soudé donc sans risques particuliers. Cette activité est maintenant transférée comme indiqué.

Vous avez obtenu une certification ISO 9001. Elle conforte vos clients dans la qualité de vos processus et de vos produits. Avez-vous envisagé une certification ISO 14000, qui est orientée vers les questions d'environnement et fournit des garanties aux associations, aux riverains et aux élus ?

ISO 14000 pas envisagée. ATMOSTAT n'en recueillerait rien en termes de clientèle, n'ayant pas besoin de publicité (marchés très discrets).
Si la réputation est à entretenir, elle vient du savoir-faire et de la norme obtenue.

Y a-t-il moyen de réduire le bruit permanent qui gêne les riverains, le bruit généré par la soufflerie ou la climatisation notamment ?

Atmostat y est disposée si on détermine précisément la cause du bruit.

Y a-t-il moyen de réduire les fumées, dans la mesure où elles incommodent le voisinage, obligeant certains à maintenir leurs fenêtres fermées ?

Atmostat y est disposée. Concrètement avec les coordonnées de M. W on va le contacter pour comprendre le problème.

Une extension des ateliers est-elle envisagée, notamment ceux dans lesquels le béryllium est travaillé ?

Pas d'extension possible de la production d'alliage béryllium, faute de place. Si une très grosse commande intervenait (par exemple pour les parois du futur réacteur ITER ou pour celles du JET), ATMOSTAT créerait une usine en Tunisie par exemple, où elle a une filiale.


Pouvez-vous nous proposer un interlocuteur au sein de votre direction, afin que nous puissions le cas échéant lui faire part de soucis de façon responsable, et afin de donner aux riverains si vous le souhaitez, par notre intermédiaire, des informations sur la sécurité à proximité d'ATMOSTAT ?

Oui, moi-même, M. BARBAZAN, directeur de l'usine, et M. BITOUN, cadre responsable environnement.
N'hésitez pas.

Conclusions

Conclusion d'Eric

Au final, j'ai eu une impression très favorable, à la fois sur la compétence de nos interlocuteurs en matière de sécurité, sanitaire et technique, ensuite sur leur volonté de transparence et de dialogue, pour améliorer leur relation avec leur voisinage, car je pense que c'était leur seul objectif.
Ils ont été précis, tant dans les échanges que dans ce qu'ils nous ont montré, nous ouvrant toutes les portes, nous expliquant le fonctionnement des divers ateliers et les mesures de sécurité prises.
Là où ils ont été moins précis, c'est sur les mesures particulières à ce site prévues par les services de secours en cas de sinistre ou d'intervention. ATMOSTAT renvoie à ces services pour connaître la teneur des procédures spécifiques d'intervention, ce qui est certes normal mais un peu court.

Conclusion d'Yves

Nous avons été un peu étonnés de l'accueil et des explications que le PDG nous a fournis. Visiblement, il avait préparé notre visite et avait son plan en tête. Le fait est, qu'après nous avoir longuement donné de nombreuses informations, il nous a ouvert toutes les portes.
Contrairement à ce que nous pouvions imaginer, il nous a montré des pièces sensibles comme les carters d'ogives (de missiles) qu'ils fabriquent, ainsi que quelques petites pièces en alliage béryllium/aluminium.

Rien de bien méchant question secret défense, l'atelier n'étant pas en activité le vendredi après-midi, on peut supposer que s'il y avait eu des choses à cacher, elles l'auraient été.

Il a joué la carte de la transparence, mais à ce sujet je me suis demandé si s'était par " obligation morale vis-à-vis des riverains " comme il le laisse entendre ou si c'était plus simplement pour cacher autre chose.
En tout cas, il nous a rassurés sur le béryllium en expliquant qu'il connaissait les dangers et qu'il prenait des mesures bien plus poussées que celles qui sont obligatoires, voire connues (suivi plus étroit avec la médecine du travail, mesures de l'air et des déchets plus draconiennes) et surtout que l'air rejeté par les clim. était forcément au taux zéro (double filtres, filtres utilisés dans les centrales nucléaires …)

J'ajouterai, moi qui travaille dans la métallurgie, dans des ateliers du même type, que j'ai été impressionné par la concentration de machines, de systèmes, de salles confinées, stériles de poussière, de conduits, de bureaux… dans un si petit endroit où la lumière du jour pénètre peu. Dans certains ateliers c'est plutôt blockhaus et le néon en permanence pour ceux qui y travaillent… en plein centre ville tout de même !

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