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PANNEAUX PUBLICITAIRES LUMINEUX :

Entre aberration écologique

et danger sanitaire




De quoi parlons-nous ?

Il s’agit de panneaux publicitaires pourvus de diodes électro-luminescentes (DEL en français, LED en anglais) qui permettent de diffuser des vidéos, des images mouvantes, ou des successions d’images fixes. On parle également à leur propos de publicités numériques.

On peut les trouver dans les vitrines des magasins, ou dans l’espace public, sur des supports fixes.

Tous les fabricants de ces appareils le disent : il s’agit d’une nouvelle manière d’attirer le client, de vanter ses produits, de contrer la concurrence en donnant envie d’entrer dans le magasin. Les fabricants veulent imposer l’idée qu’il s’agit maintenant d’un outil indispensable au commerce. Comme l’écrit l’un d’entre eux : « L’écran publicitaire pour vitrine de magasin est un support publicitaire dynamique incontournable pour capter l'attention de vos clients avant même leur entrée dans votre magasin. »


Pourquoi est-ce une aberration écologique ?

L’heure est aux économies d’énergie. Tout le monde le dit, même si tout le monde, en particulier les pouvoirs publics, ne met pas en œuvre ce qui devrait être une évidence. En effet, il faut restreindre au maximum la production d’énergie à partir des combustibles fossiles si l’on veut enrayer la crise climatique qui peut à terme remettre en cause notre société, voire l’existence de l’espèce humaine. De même il faut restreindre au maximum le recours aux centrales nucléaires, la façon la plus compliquée, la plus chère et la plus dangereuse de faire bouillir de l’eau.

Sans compter que l’énergie, en particulier l’électricité, est de plus en plus chère. Le gouffre financier que représente l’industrie nucléaire aujourd’hui, notamment avec la construction de l’EPR de Flamanville et le projet de plusieurs autres, fait que les factures sont de plus en plus élevées à consommation égale.

Mais nous avons là une consommation nouvelle, puisqu’il s’agit d’appareils qui fleurissent dans les vitrines des centres-villes depuis peu d’années. Et une consommation supportée au final par les consommateurs, en achetant les produits ainsi promus. On peut se demander si c’est bien important, s’il ne s’agit là que d’une consommation marginale.

La consommation électrique de ces appareils est variable, bien sûr en fonction de leur taille, de l’intensité lumineuse diffusée, mais aussi selon qu’ils diffusent des images fixes ou des vidéos. Pour les panneaux de moins d’1 m², la puissance électrique peut varier de 50 watts à 200 W, soit une moyenne de 125 W ; pour ceux de 1 à 5 m², de 100 W à 1 kW, soit une moyenne de 550 W ; et pour ceux de plus de 5 m², de 500 W à 5 kW, soit une moyenne de 2 750 W.

Lors de notre enquête à Villejuif, nous avons trouvé 51 appareils. On trouvera le détail des résultats de notre travail d’enquête en suivant ce lien. En fonction de la taille de ces appareils, en utilisant les moyennes que nous venons de calculer, nous trouvons, quand tous ces appareils sont en fonctionnement, une puissance électrique de 16 kW. Calculons à la louche : notre ville compte 60 000 habitants, la France 60 millions, soit mille fois plus. Si ce que nous observons dans notre ville se reproduit dans tout le pays, la totalité de ces appareils appellent une puissance électrique de mille fois 16 kW, soit 16 mégawatts (MW). C’est la puissance d’une centrale hydroélectrique de taille moyenne. C’est dire l’ampleur du gaspillage !

Et encore, si cela ne posait aucun problème sanitaire…


Quels sont les dangers sanitaires auxquels ils nous exposent ?

Ces publicités, avec leur luminosité et les images en mouvement, captent l’attention beaucoup plus que les publicités traditionnelles. En cheminant sur une voie commerçante du centre-ville, leur succession crée pour le moins une gêne, un sentiment de rejet, mais peut mener les personnes sensibles à un stress visuel. De plus, d’après des chercheurs en sciences cognitives, cela peut aller au stress cognitif. Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde du 26 juin 2012, des chercheurs en sciences cognitives et en sciences sociales déclaraient : « Cette technologie exploite le fait que toute image en mouvement dans la périphérie du champ visuel capture automatiquement l’attention de l’individu. Cette réaction automatique, héritage de notre évolution au cours de laquelle le danger pouvait surgir sans prévenir, s’accompagne d’une augmentation du niveau d’alerte et de stress qui favorise la mémorisation du message. »

Plus grave, les réactions de sujets épileptiques. Certains sont sensibles aux lumières scintillantes, aux transitions et aux animations rapides. On parle alors d’épilepsie photosensible.

Et les enfants sont plus sensibles que les adultes à tous ces stimuli. Toujours dans le quotidien Le Monde du 31 mai 2017, une tribune émanant de médecins et de professionnels de santé alertaient : « La surexposition des jeunes enfants aux écrans est un enjeu majeur de santé publique »

Enfin, il faut mentionner les risques d’accident générés par ces appareils. En effet, puisque leur rôle est de capter l’attention, ils déconcentrent les conducteurs qui peuvent ainsi provoquer des accidents. Et cela vaut également pour les conducteurs de deux-roues, motorisés ou pas, qu’ils se déplacent sur la chaussée, ou, comme on le voit de plus en plus souvent, sur les trottoirs. Mais même une collision entre deux piétons peut avoir des conséquences dramatiques : chute, bris de lunettes, etc.


Quel est l’état de la réglementation ?

Au plan national, les publicités, lumineuses ou pas, sont régies par l’article L581 du code de l’environnement. Sa plus récente modification date du 22 août 2021. On y trouve peu de restrictions, par exemple la publicité est interdite sur les monuments historiques ou sur les arbres. C’est le maire qui est chargé de la police de la publicité. Il peut transférer ses compétences au président de l’établissement public de coopération intercommunale (l’EPCI). Pour Villejuif, il s’agit du Territoire Grand-Orly-Seine-Bièvre. Dans son article 14, ce texte porte : « L'établissement public de coopération intercommunale ... ou, à défaut, la commune peut élaborer sur l'ensemble du territoire de l'établissement public ou de la commune un règlement local de publicité. » On peut en télécharger le texte complet en suivant ce lien.

Un tel règlement a été effectivement adopté par le Territoire en date du 13 décembre 2022. Il a été adopté par 83 voix et 5 abstentions. Autant dire que nous avons toute raison de penser que les représentants de notre ville ont voté pour ce texte. Quelles dispositions porte-t-il ?

D’abord, les publicités lumineuses sont soumises à autorisation du maire. Elles doivent être éteintes entre 22 heures et 6 heures. Celles installées sur mobilier urbain sont interdites dans les quartiers résidentiels et le long des axes routiers, en fait partout sauf dans les centres-villes. Cette disposition est donc plus restrictive que le décret du 5 octobre 2022 qui impose leur extinction entre 1 heure et 6 heures.

Dans les vitrines, leur taille est limitée à 0,5 m² partout, sauf dans les zones d’activité, les centres commerciaux et le domaine ferroviaire, où elles peuvent atteindre 2 m².

Sur cette page, on peut télécharger le compte rendu de la délibération du Conseil Territorial, ainsi que le texte complet du règlement.


Quelle est l’action de notre association ?

En février 2024, nous commencions à nous intéresser à ce sujet, et avons écrit au maire de Villejuif ainsi qu’à 9 autres conseillers municipaux. C’était le début de notre travail, et nous n’avions pas encore connaissance du règlement adopté par le territoire. Nous alertions sur ce problème, afin de voir la réaction de la municipalité. Mais de réaction il n’y en eut point. En mai 2024, nous rencontrons notre députée qui se déclare en accord avec notre analyse de la nocivité de ces appareils et promet de voir ce qu’elle peut faire. Mais nous n’avons eu aucune suite. Le même mois, nous envoyons une relance aux mêmes destinataires de la municipalité qu’au mois de février. Nous obtenons cette fois une réponse, d’un adjoint au maire dont ce n’est d’ailleurs pas la délégation, qui nous fait connaître le règlement du Territoire. Nous travaillons dessus, et entamons un travail d’enquête de terrain, dans le but de faire un recensement exhaustif des panneaux existants sur notre commune. Début juin 2024, nous remercions notre informateur, et adressons, toujours aux mêmes destinataires, la question de savoir quels moyens sont mis en œuvre pour faire appliquer ce règlement. En effet, les premiers résultats de notre travail d’enquête nous montrent que le règlement n’est souvent pas appliqué. Nous n’enregistrons aucune réaction à ce nouveau courriel.

Notre travail nous a menés à recenser 51 panneaux lumineux, panneaux publicitaires dans les vitrines des commerces en ville, ainsi que dans le centre commercial Carrefour 7, panneaux d’information municipale devant la plupart des écoles de la ville. La majorité d’entre eux dérogent au règlement adopté par le Territoire. C’est le cas de 18 magasins sur 25 en ville, de la pharmacie du centre commercial, et de la totalité des panneaux installés devant les écoles. Enfin, ce travail d’enquête a été réalisé entre 6 heures et 22 heures, nous ignorons donc si la disposition imposant l’extinction de ces appareils en dehors de ce créneau est respectée ou pas. Mais quand nous constatons que certains panneaux sont allumés le matin alors que le magasin n’est pas encore ouvert, nous pouvons craindre que tel n’est pas le cas.

Nous avons donc récrit à la municipalité en septembre 2024. Voici le texte de notre courriel.


Que pouvez-vous faire ?

Si ce n’est déjà fait, et si vous habitez Villejuif, vous pouvez rejoindre notre association. Une quarantaine d’adhérents, cela n’impressionne pas la municipalité, qui se permet de ne pas répondre à nos messages d’alerte. Qu’en serait-il si nous étions 100 ? Ou 200 ?

Si vous n’habitez pas Villejuif, vous pouvez engager un travail de recensement de ces panneaux, et vous renseigner sur l’existence d’un règlement local de publicité. Seul, ou avec quelques connaissances. Le mieux, c’est en rejoignant une association existante, et s’il n’y en a pas dans votre secteur, en en créant une.

Vous pouvez également signer, et faire signer autour de vous, la pétition « Zéro watt pour la pub ! » afin de manifester notre volonté au plan national. Cette pétition est lancée par un collectif inter-associatif dont fait partie France Nature Environnement, la fédération à laquelle nous sommes affiliés, et qui regroupe plus de 6 000 associations naturalistes et environnementalistes.

Il existe une association nationale qui travaille sur ce thème, ainsi que sur tous les aspects de la publicité : Résistance à l’Agression Publicitaire. Voici la page qu’ils consacrent aux publicités lumineuses qui nous occupent.

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